La drôle de décoration de Moussa Dadis Camara
La commission guinéenne pour l’Unesco a remis samedi à Conakry un certificat au chef de la junte militaire pour récompenser sa lutte contre le trafic de drogue. S’agit-il d’une reconnaissance de la présidence de Moussa Dadis Camara, jugée anti-démocratique par la communauté internationale ? Absolument pas : le siège de l’Unesco à Paris assure que la commission guinéenne est « un organisme extérieur » qu’elle ne contrôle pas…
Moussa Dadis Camara récompensé pour sa croisade anti-drogue. La commission de Guinée pour l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a remis un certificat au président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte), samedi, au Palais du peuple de Conakry. Le capitaine putschiste a également été décoré.
A l’image de l’Union Européenne, de l’Union Africaine et des Etats-Unis, les Nations Unies avaient condamné le coup d’Etat de Moussa Dadis Camara, dénonçant une atteinte à la démocratie. Comment expliquer, alors, la distinction de celui qui a pris le pouvoir fin décembre, au lendemain de la mort de Lansana Conté ? Les Nations Unies auraient-elles retourné leur veste ?
« Nous n’avons pas d’ordre à leur donner »
Il n’en est rien. « Le certificat a été remis au président par le ministre de l’Enseignement pré-universitaire en sa qualité de présidente de la commission nationale guinéenne pour l’Unesco et la médaille lui a été remise par le chancelier des ordres nationaux de mérite », explique Juma Shabani, directeur du bureau multi-pays de l’Unesco basé à Bamako – une instance officielle qui couvre le Mali, le Burkina Faso, la Guinée, le Niger et représente Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) à l’Unesco.
« Les commissions nationales pour l’Unesco, précise le site de l’organisation, sont des organes de coopération établis par les Etats membres, et qui ont pour objectif de coordonner les activités gouvernementales et non gouvernementales entreprises en relation avec l’Unesco ». « Ce sont des organismes qui nous sont extérieurs, nous n’avons pas d’ordre à leur donner », confie le siège de l’Unesco à Paris.
« Bannir le fléau de la drogue »
Quant aux résultats enregistrés par Moussa Dadis Camara dans sa lutte contre le trafic de drogue, ils laissent plus d’un observateur sceptique.
Le militaire s’est fixé pour mission de « bannir » ce « fléau » et a promis un procès équitable à « tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin » dans le trafic de stupéfiants.
Pour l’heure, la chasse s’est soldée par de plusieurs arrestations dans les hauts rangs de la police. Des proches de Lansana Conté ont également été interpellés : le capitaine Ousmane Conté et Saturnin Bangoura, respectivement fils et beau-frère du président défunt. Le premier, qui aurait été dénoncé par deux narcotrafiquants, a assuré ne pas être le parrain de la drogue en Guinée. Le second, lui, aurait reconnu avoir travaillé avec des cartels colombiens.
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