Les Tigres défaits, que vont devenir les Tamouls?

Au terme d’une guerre longue de 37 années, les rebelles séparatistes tamouls ont rendu les armes, s’inclinant devant l’armée sri lankaise. Les combats laissent des dizaines de milliers de morts et des centaines de milliers de réfugiés tamouls dont la vie est à reconstruire.

Publié le 18 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

Le Sri Lanka a vaincu la rébellion tamoule. Après 37 années d’une guerre profondément meurtrière, Colombo a annoncé avoir anéanti les dirigeants des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), y compris leur chef historique Velupillaï Prabhakaran. Celui-ci aurait été tué lundi par l’armée, alors qu’il tentait de s’enfuir en ambulance avec deux de ses lieutenants.

« Avec Prabhakaran et ses deux lieutenants, Pottu Amman and Soosai, tués, c’est l’ensemble de la direction des Tigres terroristes qui a été éliminée », a proclamé lundi la chaîne de la télévision ITN.

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Les Tigres eux-mêmes ont reconnu leur défaite dimanche, déclarant avoir cessé les combats, mais ils soutiennent que leur chef n’est pas mort et qu’il entend continuer sa lutte. Malgré cette capitulation, le porte-parole de l’armée a indiqué vouloir « poursuivre jusqu’au bout [ses] opérations de nettoyage ».

Le chef de l’armée de terre, le général Sarath Fonseka, a par ailleurs indiqué que la dernière bande de territoire contrôlée par le mouvement rebelle dans le nord-est du pays, avait été récupérée, permettant de « sauver » la totalité des 50.000 civils tamouls coincés dans les combats. Une information impossible à vérifier puisque la presse est toujours interdite de pénétrer dans la zone.

Selon les militaires, les habitants étaient devenus les otages des rebelles et faisaient office de « bouclier humain ». Ils auraient désormais rejoint les camps de Vavuniya, Jaffna et Trincomalee.

Situation humanitaire catastrophique

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L‘opération finale menée par les forces sri lankaises depuis début 2009 a permis de porter le coup de grâce aux Tigres, qui contrôlaient il y a quelques mois encore quelque 15.000 km2 du pays. Selon l’ONU, 6.500 civils ont été tués depuis janvier et 115.000 ont fui la zone de guerre pour gagner les camps de réfugiés.

La semaine passée, le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a fait part au président sri lankais Mahinda Rajapaksa de sa préoccupation quant à la situation humanitaire dans le nord-est de l’île.

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Le représentant du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Sri Lanka, Gordon Weiss, a pour sa part déploré la situation catastrophique des rescapés dans les camps de réfugiés : « Tout d’abord il y a surpopulation. Ensuite la population est extrêmement fragile. Elle a subi une expérience effroyable ces trois derniers mois », a-t-il expliqué sur la radio de l’ONU.

Le poids de la communauté tamoule

Dans une interview au quotidien en ligne 20minutes.fr, Eric Meyer, spécialiste du Sri Lanka, tire la sonnette d’alarme : « Il y a environ 200.000 personnes qui étaient aux côtés des Tigres, de grès ou de force, dans les zones qu’ils dirigeaient. Le pouvoir va maintenant devoir gérer et écouter leurs revendications ainsi que celles de l’ensemble de la communauté tamoule du pays. Il faudra que le Président, Mahinda Rajapakse, se montre prêt à faire des concessions ».

En effet, si elle est numériquement non négligeable, la population tamoule hindoue est pourtant marginalisée au bénéfice de la majorité cinghalaise bouddhiste.

La guérilla la plus redoutable au monde fondée en 1972 par son chef Velupillaï Prabhakaran, invisible depuis 18 mois, luttait pour un Etat séparé dans le nord et l’est du Sri Lanka. Depuis 1972, 70.000 personnes, essentiellement des civils, ont trouvé la mort.

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