Rapprochement avec une autre disparition dans le dossier Kieffer

Les juges chargés de l’affaire Kieffer enquêtent également sur un autre cas d’enlèvement en Côte d’Ivoire, qu’ils n’ont pas tardé à rapprocher de celui du journaliste franco-canadien.

Publié le 14 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

Les auditions effectuées en Côte d’Ivoire par les juges français dans l’enquête sur la disparition du journaliste Guy-André Kieffer en 2004 ont fait apparaître des "similitudes" avec l’enlèvement six mois plus tard d’un avocat français, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.

"Les juges ont fait apparaître de troublantes similitudes dans les questions posées entre l’enlèvement de Guy-André et celle de Xavier Ghelber six mois plus tard", a affirmé à l’AFP Bernard Kieffer, frère du journaliste franco-canadien et partie civile dans le dossier.

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"Manifestement l’organisation mise en place est la même: mêmes personnes, mêmes lieux, probablement pour les mêmes raisons", a-t-il ajouté.

Résidence présidentielle

Xavier Ghelber, un avocat parisien en mission d’audit sur la filière cacao pour le compte de l’Union européenne, a été enlevé par des hommes en armes le 7 novembre 2004 au petit matin à l’hôtel Ivoire d’Abidjan.

Le rapt a eu lieu alors que de violentes manifestations contre les Français étaient organisées dans les rues d’Abidjan. Plus tôt, les troupes ivoiriennes avaient bombardé une position militaire française de l’opération Licorne dans le nord du pays, tuant 9 soldats. En réaction, le président français ordonnait la destruction de l’aviation ivoirienne.

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Xavier Ghelber raconte avoir été arrêté à l’aube à son hôtel, sous la menace d’une kalachnikov. Il aurait ensuite été emmené à bord d’un 4X4 par trois membres du commando, et aurait entendu la direction prise : "la résidence du président" Laurent Gbagbo. Il sera ensuite présenté à des officiers visiblement "gênés", qui le transfèrent dans un autre hôtel où il est très bien traité. Finalement, ce sont des militaires français qui le récupèrent et qui l’exfiltrent, deux jours plus tard.

Une information judiciaire a été ouverte à Paris dans cette affaire le 17 novembre 2004 pour enlèvement, séquestration et tentative d’assassinat. Interrogé par l’AFP, le porte-parole de Laurent Gbagbo, Gervais Coulibaly, a indiqué que la présidence comptait "réagir" à ces affirmations, sans plus de précision.

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Deux affaires liées

Guy-André Kieffer, un journaliste qui enquêtait également sur la filière café-cacao, a lui disparu le 16 avril 2004. Selon plusieurs témoignages, il a d’abord été conduit à la présidence par le commando. Son corps n’a jamais été retrouvé. La justice ivoirienne a qualifié ces déclarations d’"affabulations" et de "faux témoignage".

Le lien entre les deux affaires a été effectué à l’occasion de l’audition le 21 avril de Patrice Baï, garde du corps attaché à Laurent Gbagbo depuis 1990 et chef de la sécurité rapprochée du président. Patrice Baï avait été mis en cause dans la disparition du journaliste par Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo et mis en examen dans le dossier.

Entendu pour la première fois dans le dossier Kieffer, il a confirmé que des hommes soupçonnés d’avoir participé à l’enlèvement de Xavier Ghelber étaient des "membres de la garde très rapprochée du chef de l’Etat", selon des sources proches du dossier.

Interrogée le 23 avril, Simone Gbagbo a affirmé qu’elle n’était "nullement" au courant de ces deux affaires.

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