La grève du sexe se termine devant la justice
James Kimondo poursuit quatre leaders de la grève du sexe qui s’est achevée il y a une semaine au Kenya. L’homme cherche réparation car, explique-t-il, son épouse a refusé sept jours durant de se donner à lui. En conséquence de quoi, il affirme avoir notamment souffert d’anxiété, de stress et de troubles du sommeil.
Le manque de sexe est dangereux pour la santé. James Kimondo n’a pas pu toucher son épouse du 29 avril au 6 mai parce qu’elle suivait la grève du sexe du G10, un collectif d’associations de femmes kényanes.
Pendant la semaine de jeûne, James Kimondo a répertorié les conséquences de l’abstinence sur sa santé. L’époux éconduit affirme avoir souffert d’angoisse, de stress, de douleurs dorsales, de problèmes de concentration au travail, de colère et de manque de sommeil…
James Kimondo demande réparation aux organisatrices du boycott. Pas de réponse. Il se tourne alors vers la justice et poursuit quatre leaders du mouvement devant la Haute cour de Nairobi pour obtenir des dommages et intérêts, dont la somme n’est pas connue.
« J’étais un homme heureux en ménage »
« J’étais un homme heureux en ménage, profitant de tous les bienfaits du mariage – y compris de mes droits conjugaux – jusqu’à ce que le groupe de droits humains appelle à un boycott national du sexe », aurait expliqué James Kimondo dans sa plainte.
Ann Njogu, directrice exécutive du Centre pour l’éducation et la sensibilisation aux droits, est l’une des femmes visées par l’action en justice. « J’attends avec impatience, a-t-elle déclaré à CNN, précisant que la procédure engagée ne lui avait pas été officiellement notifiée. Ce sera intéressant de voir le visage de l’homme qui ne veut pas s’abstenir [de relations sexuelles] pour le bien de son pays. »
Mouvement contesté
Le G10 avait en effet demandé aux femmes de se refuser aux plaisirs de la chair pour pousser le président Mwai Kibaki et le Premier ministre Raila Odinga à cesser leurs querelles. L’objectif était de débloquer les réformes et d’éviter que les frictions entre les deux hommes ne finissent en bain de sang, comme après la présidentielle de décembre 2007 : des violences interethniques avaient fait plus de 1 500 morts et des dizaines de milliers de déplacés.
Le mouvement de grève – rallié par la femme de Raila Odinga, Ida – a été vivement contesté par l’association de défense des droits des hommes Maendeleo Ya Wanaume et par certaines femmes craignant que leur moitié ne se jette dans les bras des prostituées. Des prostituées que le G10 voulait indemniser pour leur permettre de rejoindre le boycott. Il a finalement renoncé au projet, faute de moyens.
Reste que le but principal des grévistes semble avoir été atteint. Le 4 mai, le chef de l’Etat et le numéro un du gouvernement se sont brièvement entretenus. Trois jours plus tard, ils ont organisé une réunion du cabinet. La première depuis un mois.
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