Caisses vides et pression internationale ont eu raison de la candidature Camara
Le chef de la junte guinéenne a annoncé dimanche qu’il ne participera pas à la présidentielle prévue en décembre. Il faut dire que s’il en avait eu envie, Moussa Dadis Camara n’en avait pas vraiment les moyens : il se retrouve pieds et poings liés parce que la communauté internationale « n’a plus rien versé au pays » depuis son coup d’Etat.
« Nous allons aux élections. Je ne vais pas me présenter et les membres du CNDD (Conseil national pour la défense de la démocratie, junte) également ne vont pas se présenter. » Dimanche à Conakry, le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, a réitéré qu’il ne sera pas candidat à la présidence de l’Etat guinéen.
Le « retour rapide à l’ordre constitutionnel ne fait l’ombre d’aucun doute, il reste seulement à encourager l’intensification du dialogue en cours entre le CNDD et les forces vives (syndicats, société civile…) pour assurer une transition consensuelle et pacifique », avait estimé mardi dernier Ibrahima Fall, envoyé spécial du président de la commission de l’Union africaine.
Pressions
Reste que la mise au point de Moussa Dadis Camara n’était pas superflue. « S’ils ne reconnaissent pas le CNDD comme nous les avons reconnus, s’ils ne mettent pas de l’eau dans leur vin, je vais ôter la tenue et je vais me présenter aux élections prochaines contre eux », avait-il déclaré le 15 avril à l’attention des leaders politiques.
Un mois plus tard, ces mêmes dirigeants ne reconnaissent toujours pas le CNDD, qui a pris le pouvoir en décembre, au lendemain de la mort du président Lansana Conté. Selon Moussa Dadis Camara, ils font pression pour que la junte parte au plus vite. D’où l’avancement de la date de la présidentielle, prévue en décembre 2009.
« Eviter la pagaille »
« J’ai été pris en otage par certains leaders d’opinions (hommes politiques et syndicats) pour que j’accepte le calendrier (présidentiel, ndlr) qu’ils ont proposé », a déclaré dimanche Moussa Dadis Camara. Il a précisé que « tout le monde voulait que ce soit en 2010 comme annoncé au moment de la prise du pouvoir », mais qu’il a cédé non par « peur » mais « pour éviter la pagaille, le désordre, l’anarchie et surtout la violence ».
« C’est un calendrier, a ajouté le capitaine, fait par quelques individus assoiffés de pouvoir et lorsque je l’ai accepté, les réactions (négatives, ndlr) ne se sont pas faites attendre tant à Conakry, à l’intérieur du pays qu’à l’étranger. »
Caisses vides
La pression n’est pas qu’interne. « Nous avons des difficultés, on vit au jour le jour… Les recettes douanières sont quasi nulles », a admis le chef de la junte. Il a souligné que « la communauté internationale n’a plus rien versé au pays » depuis son coup d’Etat destiné à lutter contre la corruption et la gabegie.
Résultat, le CNDD – qui accuse ses adversaires politiques de « profiter de leurs relations au niveau international pour [lui] mettre des bâtons dans les roues » – est sans le sou. Traiter les dossiers brûlants, « les problèmes d’eau, d’électricité, la lutte contre la drogue, les détournements de deniers publics, procéder à la restructuration de l’armée », semble donc utopique.
Asphyxié économiquement, Moussa Dadis Camara, déjà sous le coup de la réprobation internationale, a donc renoncé à briguer la magistrature suprême. Mais certains se demandent pour combien de temps.
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