Dakar essaie d’obtenir le report de la présidentielle

Le Sénégal a entrepris depuis avril dernier, sous l’égide de l’Union Africaine, de servir de médiateur dans la sortie de crise politique en Mauritanie. Sa feuille de route, ambitieuse, a peu de chance de rencontrer le succès escompté.

Publié le 12 mai 2009 Lecture : 3 minutes.

Le ministre sénégalais des Affaires étrangères, dépêché à Nouakchott par le président Abdoulaye Wade, a achevé dimanche 10 mai une visite de travail, lors de laquelle il s’est entretenu avec les pro et les anti-putschistes.

Cheikh Tidiane Gadio a présenté à chacun la feuille de route en 5 points qu’il a établie pour mettre fin à la crise qui dure depuis la prise illégale du pouvoir par le général Mohamed Ould Abdel Aziz en août dernier. L’émissaire sénagalais s’est entretenu avec l’ancien président déchu, Sidi Ould Cheikh Abdellahi, avec le général putschiste et le président de transition Ba Mamadou dit M’Baré, ainsi qu’avec les membres du Front national pour la défense de la démocratie (FNDD) et du Rassemblement des forces pour la démocratie (RFD ), hostiles au coup d’Etat.

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Au chapitre des négociations, le report de l’ élection présidentielle prévues le 6 juin prochain, et pour lesquelles le général putschiste est donné largement favori. "Un calendrier électoral unilatéral inacceptable" selon les anti-putschistes. Dakar propose également une amnistie générale, la formation d’un gouvernement d’union nationale assorti d’un ministère de l’Intérieur attribué à une personnalité « consensuelle » et le retour au pouvoir du président déchu l’an passé.

Mascarade

On voit mal comment ce programme ambitieux pourrait satisfaire toutes les parties. L’ancien chef de l’Etat mauritanien, qui a rencontré le ministre sénégalais, s’est dit satisfait des efforts entrepris et serait prêt à entamer un dialogue national « franc et constructif ». Lui emboîtant le pas, les membres du FNDD et du RFD, également visités par Cheikh Tidiane Gadio, se sont dit prêts à négocier avec le pouvoir de transition.

Néanmoins, le général Sidi est déjà quasi assuré de remporter le scrutin du 6 juin, depuis qu’il s’est retiré du pouvoir et qu’il a démissionné de l’armée, conformément aux exigences d’éligibilité. Il n’a donc aucun intérêt à accepter le report des élections, d’autant qu’il prendrait le risque de devoir céder la place à celui qu’il a renversé l’année dernière. Le Haut conseil d’Etat ne semble donc pas envisager de différer le scrutin, puisque la commission électorale nationale indépendante (CENI) continue ses activités.

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La date du 6 juin représente donc le pivot de ces négociations. Les anti-putschistes se mobilisent pour que le vote n’ait pas lieu, allant dans le sens de la proposition de Dakar. Ainsi, le FNDD a qualifié le scrutin de "mascarade aux résultats connus d’avance" et les députés qui lui sont affiliés, et qui boycottent toutes les séances du Parlement depuis le coup d’Etat, ont organisé des sit-in dans l’Assemblée. Lundi, des manifestants solidaires de cette résistance ont été dispersés par les forces de l’ordre.

Retour à la légalité

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En définitive, le Sénégal semble préconiser la voie constitutionnelle pour revenir à la légalité. "Je ne suis d’aucun parti. Je suis du parti du peuple mauritanien. Et toute ma contribution ne doit être qu’un des moyens de parvenir à l’expression libre du peuple mauritanien qui doit choisir ses dirigeants", a d’ailleurs fait savoir Abdoulaye Wade.

"Si le tombeur de Sidi n’a pas cédé à la pression de la communauté internationale, pourquoi fléchira-t-il face au [Sénégal]? Ne serait-ce qu’au regard de "l’histoire, de la géographie, de la culture et des liens de sang", qui lie la Mauritanie au Sénégal comme l’a rappelé le ministre Cheikh Tidiane Gadio ? Faut pas rêver, comme dirait l’autre", conclue d’ailleurs le quotidien burkinabé l’Observateur.

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