Tandja peut-il briguer un troisième mandat ?
Le président nigérien a laissé entendre qu’il pourrait briguer un troisième mandat consécutif. La loi fondamentale l’interdit mais Mamadou Tandja compte s’en remettre au peuple via un référendum. Une option anticonstitutionnelle décriée par l’opposition.
Mamadou Tandja s’en remet à son peuple. Interrogé lundi par France 24 et Libération, le chef de l’Etat nigérien a annoncé qu’il pourrait bien briguer un troisième mandat. Problème, la loi fondamentale interdit plus de deux présidences consécutives…
Mamadou Tandja, dont le mandat s’achève en décembre 2009, pense avoir trouvé la parade. « La constitution autorise un référendum. Le peuple demande que je reste, je ne peux pas rester insensible à son appel », a déclaré le septuagénaire soutenu par le Mouvement national pour la société de développement (au pouvoir).
Référendum anticonstitutionnel
Seulement, relève le quotidien local Le Républicain, l’option de la consultation populaire est anticonstitutionnelle. « Selon l’article 49 de la Constitution, explique lejournal, "le président de la République peut, après avis de l’Assemblée nationale et du président de la Cour constitutionnelle, soumettre au référendum tout texte qui lui parait devoir exiger la consultation directe du peuple à l’exception de toute révision de la présente Constitution qui reste régie par la procédure prévue au titre XII". »
Le journal souligne que si Mamadou Tandja entendait passer en force, il s’exposerait à des accusations de « haute trahison » en vertu de l’article 118 de la constitution. Cette disposition condamne entre autres la violation de serment par le président de la république. Or, « le fait de ne pas respecter la Constitution est constitutif de la violation de serment ».
Journées anti-Tazartché
L’annonce d’un prochain référendum a certainement galvanisé les partisans du Tazartché (la continuité, ndlr), qui militent pour un nouveau mandat de Mamadou Tandja. Mais elle ne fait pas que des heureux. La Convention démocratique et sociale, le Mouvement citoyen, le Front uni pour la sauvegarde des acquis démocratiques et de l’Association nigérienne de lutte contre la corruption ont appelé au respect de la loi fondamentale. Plus radical, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme prévoirait des Journées anti-Tazartché le 9 mai, dans tout le pays.
Mamadou Tandja a dévoilé son projet de référendum après deux grands événements. Dimanche, l’Etat nigérien a signé un accord avec divers mouvements rebelles touareg. Lui qui refusait de traiter avec eux leur a même offert l’amnistie en échange du dépôt des armes.
Le lendemain, Mamadou Tandja inaugurait le lancement des travaux dans la mine d’uranium d’Imouraren (Nord-Niger) qu’exploitera le groupe français Areva, leader de l’industrie nucléaire. Une exploitation qui doit profiter autant au Niger qu’à la France et faire gagner une place au troisième producteur mondial d’uranium.
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