Dernière chance pour Karim

Le fils du président se retrouve à la tête d’un super ministère dans le nouveau gouvernement présenté le 30 avril. Mais Abdoulaye Wade ne semble ne pas avoir entendu le message envoyé par les Sénégalais lors des élections locales de mars dernier.  

Publié le 6 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

Il est de coutume, et pas seulement au Sénégal, que le Premier ministre soit le fusible après une déroute électorale. Depuis la lourde défaite du camp présidentiel aux élections locales du 22 mars, les jours de Cheikh Hadjibou Soumaré à la Primature étaient comptés. Il le savait. Sa démission – contrainte ou volontaire, peu importe ¬–, le 30 avril, résonne encore comme la dernière note d’une partition sans surprise. En revanche, le nouveau gouvernement présenté dans la foulée et emmené par Souleymane Ndéné Ndiaye ressemble étrangement à une symphonie dont le compositeur aurait délaissé les règles de l’harmonie pour privilégier l’art du contretemps.

Animal politique, le président Abdoulaye Wade est un familier du coup de boutoir et de la provocation. L’opposition l’a appris à ses dépens depuis son accession au pouvoir en 2000. Et pour ceux qui en doutaient encore, « la méthode Wade » n’est pas uniquement conditionnée par le verdict des urnes. Elle est aussi dictée par des considérations moins honorables que sont les calculs politiciens, l’opportunisme voire la convenance personnelle. Le revers des municipales essuyé par la Coalition Sopi (« le changement », en wolof) et la Génération du concret (GC, le mouvement de Karim Wade) aurait logiquement dû conduire à une sorte d’ouverture politique. D’autant plus que le chef de l’Etat s’était engagé « à identifier les messages » envoyés par le peuple et « à apporter les réponses appropriées ». Cette bonne volonté affichée était frappée au coin du bon sens. Histoire de donner un nouveau souffle à un second mandat qui s’apparente depuis ses débuts à la chronique d’une fin de règne.

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Au final, le patron âgé de 82 ans a préféré resserrer les rangs, barricader la boutique et consolider son clan dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012. Fidèle d’entre les fidèles, le nouveau Premier ministre a été son porte-parole, son directeur de cabinet avant de devenir un discipliné ministre de l’Economie maritime, des Transports maritimes, de la Pêche et de la Pisciculture. Plus significatif encore, son fils – qui n’a jamais démenti les ambitions présidentielles que tous les observateurs lui prêtent – se retrouve ministre d’Etat à la tête d’un super ministère : Coopération internationale, Aménagement du territoire, Transports aériens et Infrastructures. Après avoir conduit, non sans succès, les grands chantiers à l’occasion du sommet, en mars 2008, de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) et supervisé notamment les projets de l’aéroport international Blaise-Diagne et de la zone industrielle de Diamniadio, près de Dakar, voilà du sur-mesure. En digne héritier, à lui de démontrer ses capacités de grand bâtisseur. À lui également de trouver une issue à l’imbroglio d’Air Sénégal International avec Royal Air Maroc. S’il réussit, tous les espoirs lui seront alors permis. Son étoile, ternie au soir des municipales, pourra de nouveau briller. C’était sans doute l’arrière-pensée du compositeur adepte du contretemps.
 

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