L’Afrique sous-représentée au Festival de Cannes
Comme à l’accoutumée, le célèbre Festival International du Film n’a d’international que le nom. Cette année encore à Cannes, pour la 62e édition de l’événement qui aura lieu du 13 au 24 mai, la sélection écarte largement le cinéma africain des festivités de la Croisette.
2009 sera l’année de l’Asie. Le jury chargé de la sélection a épluché plus de 4 000 films (courts et longs métrages confondus) en provenance de 129 pays différents. L’échantillon final est loin d’être représentatif de l’éclectisme des participants, puisque l’on retrouve, parmi les 20 longs métrages de la sélection officielle, 4 films français, et 5 venus d’Asie.
2009 ne sera donc pas l’année de l’Afrique, qui reste au tapis -mais pas sur la célèbre carpette rouge. Rassurons-nous cependant, le Continent noir, même si relégué au second plan, sera tout de même présent sur la Croisette.
En définitive, un seul film africain à proprement parler sera présenté cette saison. Il s’agit de « Min Yé », du formidable réalisateur malien Souleymane Cissé, qui dépeint cette fois les déboires d’un mari polygame à Bamako. Un vaudeville très réussi, qui titille sans concession des traditions bien établies. Déjà salué par le Prix du Jury à Cannes en 1987, le cinéaste aurait mérité sa place aux cotés de Quentin Tarantino et autres Pedro Almodovar dans la compétition principale, mais devra se contenter d’une projection dans la section parallèle « Séance spéciale ».
L’Afrique sera aussi à l’honneur dans un documentaire réalisé… par une Américaine. Toujours dans la sélection « Séance spéciale », les cinéphiles pourront apprécier le travail de longue haleine mené par Anne Aghion sur une période de 9 ans, et qui traite de la loi Gacaca instaurée au Rwanda pour que Tutsis et Hutus reconstruisent ensemble le pays décimé par le génocide de 1994. « Mon voisin, mon tueur » fait partie d’une série de 4 films que la réalisatrice a tournés sur la justice au Rwanda.
Enfin, un troisième et dernier film « The silent Army » réalisé par le hollandais Jean Van de Velde et présenté dans la section « Un certain Regard » a été tourné en Ouganda.
Séance de rattrapage
A noter également, pour que le tableau soit complet, qu’un des membres du jury de la Cinéfondation – un volet de la sélection officielle, qui présente chaque année quinze à vingt courts et moyens métrages d’écoles de cinéma- n’est autre que le cinéaste tunisien Ferid Boughedir. Habitué de Cannes, il avait été le premier cinéaste maghrébin membre du jury officiel longs métrages au Festival en 1991.
Voilà pour l’Afrique et sa sous-représentation dans l’édition 2009 du rendez-vous du cinéma. Des choix prudents, un recours à des habitués et aucune prise de risque. Aucune perspective de Palme non plus, donc.
Pour la séance de rattrapage, il aurait fallu regarder du côté du Festival International du Film Panafricain , lors duquel la même Cannes a accueilli du 1er au 5 avril dernier des festivaliers venus d’Afrique et d’ailleurs pour célébrer le thème du développement durable et du Monde éthique. L’occasion de découvrir, cette fois, une pléiade de jeunes talents du cinéma africain.
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