Le ministre français Besson s’est perdu dans la jungle

Retour sur une annonce ministérielle pour le moins imprudente

Publié le 24 avril 2009 Lecture : 1 minute.

Devant toute la presse, convoquée pour la circonstance, le ministre français de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, Eric Besson, a annoncé jeudi 23 avril, à Calais, qu’il entendait « démanteler » le camp de fortune édifié par les clandestins en transit vers l’Angleterre. S’étendant sur une cinquantaine d’hectares, à proximité de cette sous-préfecture, « la jungle » – c’est le nom que les calaisiens ont donné à ces buissons – abrite entre 600 et 800 migrants originaires d’Afghanistan, d’Irak, d’Iran,  d’Erythrée, du Soudan, du Nigeria… Des gens qui, au regard de la situation prévalant dans leur pays, sont pour la plupart inexpulsables.

La jungle va donc disparaître c’est juré, foi de ministre. Comme a disparu, en novembre 2002, le centre de la Croix-Rouge de Sangatte, à proximité de Calais, qui accueillait, dans des conditions autrement plus décentes que le néant  de la "jungle", des milliers d’immigrants. Un pis-aller, certes, au regard du problème posé par ces clandestins, mais qui était plus conforme à la tradition d’humanité de la République.

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C’est Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur qui avait décidé cette fermeture. Expliquant que le problème allait ainsi être réglé. Plus de centre? Plus de clandestins! C’était aussi simple que cela.Or précisément, la jungle de Calais est née de cette fermeture. Chassés du centre de la Croix-Rouge, les clandestins n’ont trouvé d’autre refuge que les bois. Bref, on a déplacé le problème au lieu de le régler.

A supposer qu’il soit possible, de chasser les migrants de leur lieu actuel de séjour – comment ferme-t-on un espace ouvert ? qu’espère-t-on de cette opération sinon récolter un crédit médiatique- bienvenu à deux mois des élections européennes. Demain, on découvrira un nouveau campement sauvage. A Boulogne sur mer. Ou bien à Dunkerque. Et quand les migrants auront ainsi écumé toutes les côtes qui font face à l’Angleterre, que viendra-t-on nous dire ? Peut-être que Sangatte, en fin de compte, était un moindre mal…
 

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