Rajoelina va-t-il connaître le même sort que Ravalomanana?

Refus de dialogue, saisie des médias de l’« opposition », répression violente des manifestants. Les événements qui secouent Madagascar depuis qu’Andry Rajoelina la dirige rappellent ceux qui avaient poussé le président déchu Marc Ravalomanana à quitter le pouvoir et fuir le pays…

Publié le 21 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Deux morts et une dizaine de blessés. La manifestation de lundi en faveur du président déchu Marc Ravalomanana s’est achevée tragiquement. Depuis plusieurs semaines, ses partisans battaient le pavé pour exiger le retour du chef de l’Etat remplacé le 17 mars par le jeune Andry Rajoelina. Jusqu’ici personne n’avait officiellement perdu la vie.

Les marcheurs s’étaient réunis lundi dans le centre d’Antananarivo, la capitale, avant de se diriger vers la Haute cour constitutionnelle. Ils demandaient des « explications sur la mise en place de la HAT (Haute autorité de transition) », instaurée par l’ancien maire de Tana et dont ils doutent de la constitutionnalité.

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Un enfant aurait été tué

La foule a ensuite pris le chemin du tribunal d’Anosy pour déposer « une requête pour la restitution des matériels de la télé et la radio Mada », proches de Marc Ravalomanana, selon TopMada. Ces médias avaient été saisis « par les militaires la veille », précise le site d’information malgache sur Internet.

« Peu de temps après », les choses ont dégénéré, d’après TopMada, qui publie des photos des heurts. « Des militaires et des policiers sont intervenus et ont fait feu sur les manifestants et sans sommation, d’après les témoins. Les tirs ont touché une personne alors qu’elle prenait la fuite. Il est touché à la tête et meurt sur le coup. » Un enfant a aussi été tué, assure le site.

Le premier ministre d’Andry Rajoelina, Roindefo Monja, a pour sa part déclaré à la presse qu’un policier avait été abattu par des manifestants, qui, selon plusieurs témoignages n’étaient armés que de cailloux. L’information de la primature n’a pas été confirmée de source indépendante.

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L’effet miroir

L’effet miroir est saisissant. Il y a quelques mois, ce sont les partisans d’Andry Rajoelina qui appelaient quotidiennement au départ de Marc Ravalomanana, notamment accusé de privilégier ses intérêts personnels à ceux du pays.

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La contestation populaire avait été dopée par l’interdiction de la chaîne de télévision Viva, appartenant à Andry Rajoelina. Et enflammée par les tirs de la garde présidentielle sur des manifestants soutenant l’ex-disc jockey. Tirs qui avaient coûté la vie à une trentaine de personnes.

C’est notamment cette hécatombe qui avait poussé l’armée à prendre fait et cause pour Andry Rajoelina. Si les pressions violentes se poursuivent, l’armée retournera-t-elle une nouvelle fois sa veste ? Au profit de qui ?

« Des élections anticipées ou un référendum avant la fin de l’année »

Par ailleurs, si Marc Ravalomanana était très isolé à l’intérieur du pays avant son départ forcé, Andry Rajoelina, lui, se retrouve seul face à la communauté internationale. Diverses pays et organisations ont largement condamné la façon dont il a accédé au pouvoir et ont pour certains imposé des sanctions.

C’est dans ce contexte que Marc Ravalomanana prépare son retour sur la Grande-Ile. Actuellement en Afrique du Sud, il a déclaré lors d’une conférence de presse qu’il comptait revenir « dans les semaines qui viennent. L’idée est d’organiser des élections anticipées ou un référendum avant la fin de l’année. C’est le seul moyen de sortir de la crise ». Andry Rajoelina promet de son côté des élections pour 2010.

Marc Ravalomanana a déjà nommé un nouveau Premier ministre, qui « aura pour mission de sélectionner et de proposer des ministres afin qu’un gouvernement soit mis en place ».

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