Soro ne rendra pas son tablier

Le porte-parole du premier ministre ivoirien a annoncé mardi soir que Guillaume Soro restait « à son poste ». La veille, les délégués généraux de l’ex-rébellion l’avaient appelé à démissionner, reprochant au camp du président Laurent Gbagbo de « mettre tout en œuvre pour empêcher les élections de se tenir ».

Publié le 15 avril 2009 Lecture : 3 minutes.

« Le premier ministre est à son poste ». Le porte-parole de Guillaume Soro, Sindou Meïté, a répondu mardi soir aux délégués généraux des Forces Nouvelles (FN), l’ex-rébellion du chef du gouvernement ivoirien.

La veille – après deux jours de conclave à Bouaké (nord), fief des FN – les délégués généraux avaient demandé au secrétaire général du mouvement « sa démission en qualité de premier ministre ». « Qu’il revienne à Bouaké pour se mettre à l’avant-garde de la lutte du peuple ivoirien pour l’amélioration de son vécu », avaient-ils ajouté dans leur communiqué.

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En cause ? Les « allégations du FPI (Front populaire ivoirien, au pouvoir) tendant à convaincre les ivoiriens et la communauté internationale que les Forces Nouvelles seraient réfractaires à l’application de l’Accord complémentaire IV de l’Accord politique de Ouagadougou », signé fin 2008 dans la capitale du Burkina Faso.

« Attaques irresponsables »

« Leur argumentaire, poursuit le communiqué, révèle que les Forces Nouvelles s’opposeraient à l’application de cet accord sur quatre points essentiels à savoir : les processus d’identification et électoral, la passation de charges entre préfets et Comzones (commandants de zones, ndlr), le redéploiement de l’administration fiscale et douanière et celui des services de police et de gendarmerie. »

Des « allégations » que les délégués généraux rejettent en bloc. Ils imputent même la responsabilité de certains retards au camp présidentiel : « Au lieu de faire la passation de charges, le ministre [de l’Intérieur Désiré] Tagro procède à des mutations de préfets et sous-préfets qui ne trouvent leur justification que dans des considérations partisanes ».

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En conclusion, les délégués estiment que les « attaques irresponsables » du pouvoir cachent en fait une sombre manipulation pour retarder la présidentielle, reportée plusieurs fois depuis 2005, et dont la date n’a toujours pas été fixée.

Manœuvre du FPI

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« Le FPI, conscient de son poids minoritaire, a véritablement une psychose des élections surtout que celles-ci seront organisées dans la transparence, dénoncent-ils. On comprend que son objectif réel est de mettre tout en œuvre pour empêcher les élections de se tenir, tout bloquer afin de sauvegarder tous les privilèges acquis durant ces neuf dernières années. Pour des intérêts égoïstes et partisans, le FPI veut spolier les Ivoiriens du droit à choisir librement ses dirigeants ».

Pour justifier le refus de Guillaume Soro de rendre son tablier, le porte-parole Sindou Meïté a souligné qu’« il y a des difficultés » sur le chemin de la paix et qu’« il en dérive de la mauvaise humeur de la part de certains responsables politiques ». Mais il juge que « cela ne doit pas empêcher le premier ministre de continuer sa mission ».

Il précise également que la « prise de position » des délégués ne vient pas des « instances suprêmes » des FN qui, selon lui, maintiennent leur « confiance » à Guillaume Soro. Reste à savoir comment les délégués généraux – qui, d’après RFI, voulaient saisir le médiateur burkinabè – apprécieront cette déclaration.

L’accord de paix toujours sur les rails

Comme pour montrer que le processus de paix est en bonne voie, Sindou Meïté a expliqué que, « dans les prochains jours », des annonces seront faites concernant l’application de « l’Accord complémentaire IV de l’Accord politique de Ouagadougou ». Il sera entre autres question de la passation de charges entre les Comzones des FN et les préfets et l’« intégration » d’anciens rebelles dans la nouvelle armée.

Mais le désarmement des ex-dissidents pose toujours problème. « On a envie de dire que si certains éléments des Forces Nouvelles traînent les pieds pour désarmer, ce n’est pas seulement à cause de la peur et de l’incertitude du lendemain. C’est aussi pour conserver un moyen de pression et de dissuasion utilisable en cas de besoin », observe le quotidien burkinabè Le Pays. Or, l’Accord de Ouagadougou fait du désarmement une condition incontournable à l’organisation du scrutin. (avec agences)

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