Les frères Gnassingbé se font la guerre

Des gendarmes ont encerclé la résidence de Kpatcha Gnassingbé dans la nuit de dimanche à lundi. Pendant plusieurs heures, ils ont échangé des tirs nourris avec la garde du frère du président togolais. Bilan de l’opération : plusieurs proches interpellés sur soupçons d’« atteinte à la sûreté de l’Etat ».

Publié le 14 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Dans la nuit de dimanche à lundi, des hommes en armes ont investi la demeure de Kpatcha Gnassingbé, frère cadet du président togolais Faure Gnassingbé. « Des informations relatives à une atteinte contre la sûreté de l’Etat étaient en cours de vérification depuis un certain temps au niveau des services de sécurité et les principales personnes soupçonnées faisaient naturellement l’objet d’une surveillance », justifie le procureur de la république dans un communiqué lu sur la chaîne de télévision TVT.

« Présumés comploteurs »

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« C’est dans ce contexte, poursuit Robert Bakaï, que des services étrangers ont avisé leurs homologues du Togo de l’imminence des évènements et de la gravité des actions qui se préparaient à quelques heures du départ du président de la république pour une mission à l’étranger. » Et plus précisément en Chine, un séjour que le chef de l’Etat a reporté.

D’après le procureur, le parquet a requis l’interpellation des « présumés comploteurs dans le cadre d’une enquête préliminaire ». Il précise que « certains militaires, de même que des civils de l’entourage de Kpatcha Gnassingbé devaient également être entendus ».

La garde de Kpatcha aurait tiré en premier

Mais les choses ont dérapé. « Les gendarmes chargés d’interpeller les personnes sus visées ont essuyé des tirs nourris provenant de la résidence de Kpatcha Gnassingbé », explique Robert Bakaï, soulignant que cette riposte « inattendue a donné lieu à un échange de tirs entre les éléments de la garde de Kpatcha Gnassingbé et un groupe des forces de défense appelé en appui ».

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Plusieurs témoins affirment que le « groupe des forces de défense » en question est en fait la Force d’intervention rapide (FIR). A sa tête : le colonel Abalo Felix Kadanga, époux d’une des filles du président décédé Gnassingbé Eyadéma. L’homme est réputé pour être proche de Faure Gnassingbé.

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La fusillade a duré plusieurs heures. Un journaliste de l’agence de presse privée togolaise Savoir News décrit « des impacts de balles aux murs à l’intérieur du bâtiment, notamment dans la chambre du député et celle de ses enfants. Certaines portes ainsi que des fenêtres ont été défoncées ». « Les témoins parlent de beaucoup de dégâts et décrivent des portes défoncées, des lits et armoires renversés », renchérit togoforum.com.

Au final, les hommes en armes ont arrêté plusieurs personnes, dont cinq officiers, et l’enquête sur la présumée « tentative d’atteinte contre la sûreté de l’Etat » se poursuit. Kpatcha Gnassingbé, lui, serait toujours libre. Et en vie. Des témoins ont raconté à togoforum.com que l’ancien ministre de la Défense, remercié par Faure en 2007, doit son salut à « l’arrivée de Rock Gnassingbé », l’autre frère. Kpatcha Gnassingbé, député de Kara (Nord), aurait lui-même reconnu le rôle vital joué par le chef de la division des blindés.

Les rivalités entre Kpatcha et Faure Gnassingbé ont éclaté peu après la présidentielle du 24 avril 2005 qui a porté l’aîné au pouvoir, tandis que l’autre prenait les rênes de l’armée. Le Gabon et le Burkina Faso avaient tenté d’aplanir les divergences, sans succès. La Libye avait essayé de rapprocher les deux hommes lors d’une visite d’Etat du « Guide » Mouammar Kadhafi au Togo, du 13 au 15 juin derniers. La médiation semblait alors avoir porté ses fruits…

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