La presse française censurée pour la présidentielle

L’Algérie, où les citoyens élisent ce jeudi leur président, a saisi les derniers numéros de deux magazines et d’un journal français. L’Express, Marianne et le Journal du Dimanche seraient accusés d’avoir enfreint l’article 26 du code de l’information 07/90, qui réprime notamment l’atteinte « aux valeurs nationales ».

Publié le 9 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Impossible de trouver L’Express, Marianne et le Journal du Dimanche (JDD) en Algérie. Les autorités du pays ont saisi le dernier numéro des deux magazines et du journal français.

Concernant L’Express, une responsable du secrétariat d’Etat algérien à la Communication a indiqué que le titre s’était rendu coupable d’« atteinte aux valeurs nationales ».

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Cette infraction est réprimée dans l’article 26 du code de l’information 07/90. Il stipule que « les publications périodiques et spécialistes, nationales ou étrangères, quelles que soient leur nature ou leur destination, ne doivent comporter ni illustration, ni récit, ni information ou insertion contraires à la morale islamique, aux valeurs nationales, aux droits de l’homme, ou faire l’apologie du racisme, du fanatisme et de la trahison ».

« Censure inacceptable »

Le secrétariat d’Etat à la Communication n’a pas précisé quel article de L’Express était mis en cause, mais son numéro 3013 publiait l’article « Abdelaziz et les siens » à l’occasion de la présidentielle du 9 avril. Et Marianne et le JDD avaient eux aussi consacré des pages au scrutin…

Les trois médias ont posté sur leur site Internet les sujets consacrés à l’élection.

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« Comment cet article peut-il gêner une présidence qui souhaite tenir des élections dans les pures règles de la démocratie, qui nous assure que tout est réuni, que tout a été organisé pour qu’il y ait assez de candidats, une forte participation et que tout cela soit un modèle de démocratie ? », s’est interrogé le directeur de la rédaction de L’Express.

Dénonçant une « censure inacceptable », Christophe Barbier ajoute que « les électeurs algériens sont assez mûrs et assez grands pour se forger un jugement politique par eux-mêmes en prenant en compte les informations qu’ils trouveront dans la presse sans se laisser dicter un quelconque prêt à penser ».

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Et de juger « extrêmement inquiétant de voir l’Algérie s’enliser dans une forme de déni de la liberté de la presse, donc de déni de démocratie ».

Lettre ouverte à Bouteflika

Reporters sans Frontières (RSF) a pour sa part exprimé son « indignation suite à la décision des autorités algériennes d’interdire la diffusion de trois publications françaises ». L’organisation internationale de défense de la liberté de la presse a par ailleurs condamné une « censure (…) scandaleuse » qui constitue « un déni de la liberté de la presse et donc un déni de démocratie ».

RSF a écrit une lettre ouverte au président sortant Abdelaziz Bouteflika pour lui demander de tenir les promesses faites à la presse après sa réélection en 2004. « Nous voulons marquer, encore une fois, avec force, notre détermination à veiller à l’exercice effectif, pour tous, de la liberté d’expression, en droite ligne de la Déclaration universelle des droits de l’homme », avait déclaré le chef de l’Etat.

Or, a constaté RSF, l’Algérie a multiplié les mesures de rétorsion contre les médias qui sortent du rang. Elle rappelle notamment qu’en un peu moins d’un an, un numéro d’Afrique Magazine, de L’Express et de Jeune Afrique ont été interdits pour « atteinte aux valeurs nationales » ou « atteinte à l’islam » suite à la publication d’un article sur l’Algérie.

Et l’organisation de souligner que, dans le pays, seuls El Watan et El Khabar jouissent d’une relative marge de manœuvre en termes d’information et de diffusion.

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