Mondial 2010 : polémique sur l’éventuelle sélection d’Habib Bamogo

Habib Bamogo n’a désormais plus de doute : ce sont bien les couleurs du Burkina Faso qu’il veut défendre. L’attaquant de l’OGC Nice espère une « dérogation » de la fédération internationale du ballon rond pour jouer avec les Etalons, qui tentent de se qualifier pour le Mondial 2010 de football. Dans le même temps, les Burkinabès sont divisés quant aux motivations de l’ancien joueur de l’Olympique de Marseille…

Publié le 4 avril 2009 Lecture : 4 minutes.

« Lorsque la Fédération burkinabè de football m’a demandé de rejoindre l’équipe nationale, j’étais jeune et pas assez mature », se souvient Habib Bamogo. Aujourd’hui âgé de 26 ans, l’attaquant français de l’OGC Nice (sud de la France, Ligue 1) sait ce qu’il veut : défendre les couleurs de son pays d’origine, qui tente de se qualifier pour la Coupe du monde 2010 de football, organisée par l’Afrique du Sud. 

Habib Bamogo a joué chez les Espoirs français. Selon la législation de la Fédération internationale de football (Fifa), il avait alors jusqu’à 21 ans pour décider s’il voulait évoluer avec l’équipe A de l’Hexagone ou du pays des Hommes intègres. « Dans un premier temps ses proches m’ont conseillé de se stabiliser dans un club », confie le footballeur. 

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Mais se « stabiliser » n’a pas été une tâche facile. « Avec l’Olympique de Marseille, ça ne s’est pas spécialement bien passé. Maintenant, je suis à Nice depuis deux ans, et ça se passe bien. Et je suis bien dans ma tête », assure le sportif, qui est également passé par les clubs français FC Nantes et espagnol Celta Vigo. 

Il reconnaît que « quand on joue chez les Espoirs, c’est qu’on espère toujours être sélectionné » chez les Bleus. Il souligne toutefois que jouer pour le pays où réside la majeure partie de sa famille est devenu « très vite un choix de cœur ». 

« Demande de dérogation à la Fifa » 

Reste que pas assez « vite ». Cela fait cinq ans qu’Habib Bamogo a dépassé le délai de la Fifa. « La Fédération burkinabè de football et moi avons envoyé une demande de dérogation à la Fifa il y a environ trois semaines, indique-t-il, serein. J’ai bon espoir parce que j’ai un dossier solide. J’espère que la Fifa sera compréhensive. Avant moi, il y a eu des dossiers qu’elle a sanctionnés ou refusés ». 

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Habib Bamogo prend son mal en patience, mais le sélectionneur national burkinabè serait plus pressé. Paulo Duarte aurait inscrit le nom de l’ancien sociétaire de l’Olympique de Marseille sur la liste des Etalons devant affronter le Syli National guinéen, le 28 mars dernier, au stade du 4-Août de Ouagadougou, la capitale burkinabè. 

Finalement, faute de réponse positive de la Fifa, Habib Bamogo est resté à Nice. Le match comptait pour les éliminatoires combinés de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) et du Mondial 2010. Bilan de la rencontre : 4 buts à 2 pour le Burkina Faso, pays hôte, dont deux réalisations de Moumouni Dagano, meilleur buteur africain des qualifications. 

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De quoi donner du grain à moudre à ceux qui ne veulent pas voir Habib Bamogo chausser les crampons avec les Etalons. Certains dénoncent le fait que l’artificier de Nice, auteur de 7 buts, ait boudé la Fédération burkinabè de football lorsqu’elle a fait appel à lui. Sur le site Internet Lefaso.net, on peut d’ailleurs lire des messages plus ou moins hostiles. 

La sélection burkinabè par dépit ?

Chris de Dieu ne décolère pas : « Nullement on a besoin d’un apatride comme Habib. On ne renie pas les siens pour se lever un jour et revenir comme si le Burkina était un fourre-tout. (…) Honte à la Fédération si elle venait à négocier avec la Fifa (…). Nous avons les Dagano, Panandetiguiri, Bancé, Koné et d’autres ». Et le Saint de trancher qu’il « préfère perdre avec ces gars que de gagner avec Bamogo ». 

Bamouni abonde dans le même sens. Non sans ironie. « Il voulait jouer avec la France, non, demande-t-il. Et bien qu’il joue pour la France. L’équipe du Burkina Faso n’est pas une équipe vers laquelle on se tourne quand ça ne marche pas ailleurs. Désolé Habib, nous n’avons pas besoin de toi (…). Si tu penses que tu vas intégrer l’équipe ainsi et jouer le Mondial, tu te fous le doigt dans l’œil (…). » 

« On a l’impression que monsieur est là maintenant juste parce qu’on est susceptible d’aller en Coupe du monde. Un peu triste, quand même », déplore pour sa part Tity. « Nous avons des joueurs valeureux qui nous ont donné satisfaction jusque-là, renchérit Memnon. (…) Je dis à Bamogo d’aller voir [le sélectionneur français Raymond] Domenech car c’est lui qui a besoin de buteurs ». 

« Jamais trop tard pour prendre la bonne décision » 

Habib Bamogo, qui se rend régulièrement au Burkina Faso, relativise : « C’est logique que certains pensent comme ça. On ne peut pas faire l’unanimité. Chacun est libre de croire et de penser ce qu’il veut ». Posé, il conclut qu’« il n’est jamais trop tard pour prendre la bonne décision ». 

Un avis que partagent de nombreux fans des Etalons, qui multiplient les messages chaleureux de bienvenue. « Sachez lui pardonner et évitez de trop polémiquer sur sa venue pour le développement de notre football », implore Ramses de Kimon sur Lefaso.net. 

« Pour ceux qui polémiquent beaucoup (…) je dirai qu’ils peuvent avoir raison mais que l’essentiel est qu’il se soit ressaisi », plaide Yonli. Du Canada, Honoré précise que « Bamago a tout de même le droit de décider de sa carrière ». « Pour moi, poursuit-il, jouer au Faso est à saluer, même si les Bleus étaient ses préférés sportivement mais pas de cœur. » 

Au final, c’est la Fifa qui aura le dernier mot. Habib Bamogo a déjà pensé au pire scénario. « Si ça ne marche pas, ça ne marche pas, résume-t-il. Mais, bien sûr, je serais déçu… » Et d’affirmer que s’il gagne le droit d’intégrer le Onze national burkinabè, il donnera « le maximum. Pour les Etalons et pour le peuple ».

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