Besson peine à convaincre le Mali sur l’immigration
Le nouveau ministre français de l’Immigration a terminé la semaine dernière sa tournée première africaine au Mali. Ce pays fait de la résistance quant à la signature d’un accord de gestion concertée de l’immigration. Mais pour combien de temps ? Selon l’Association malienne des expulsés, Bamako aurait revu ses exigences à la baisse.
En arrivant vendredi au Mali, le ministre français de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement social n’était pas en terrain conquis : Bamako se montre réticente à signer l’accord de gestion concertée des flux migratoires que plusieurs pays africains ont déjà paraphé.
« Je ne suis pas venu pour négocier »
« Je ne suis pas venu pour négocier mais pour écouter les autorités maliennes, voir si elles veulent une nouvelle discussion entre le Mali et la France », a-t-il déclaré. Il reste toutefois intraitable sur la position de Paris : « Le Mali est attaché à la situation de ses citoyens vivant en France. Nous disons oui à l’immigration légale, non à l’immigration illégale ».
Du côté malien aussi, on reste se montre également à la fois souple et ferme. « Nous allons essayer de discuter avec la France. Les documents de base ne seront pas changés. Cependant, le Mali travaille pour la préservation de ses immigrants », a expliqué le ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Badra Alou Macalou.
Le Mali « revoit à la baisse ses exigences »
Eric Besson, dont la première tournée africaine l’avait auparavant mené au Sénégal et au Cap-Vert, a proposé au président Amadou Toumani Touré de se pencher sur les termes d’un nouvel accord. Pas question de mettre la pression : « On prendra tout le temps nécessaire », a souligné le ministre de l’Immigration.
Si rien de véritablement concret n’est ressorti des discussions, l’Association malienne des expulsés (AME) ne cache pas son inquiétude. Dans un communiqué daté de samedi, elle indique qu’il « semblerait » que l’Etat malien « revoie à la baisse ses exigences ».
« Celles-ci, poursuit le document, étaient au départ l’exigence de la régularisation de tous les Maliens sans-papiers, l’augmentation du nombre de métiers ouverts à emploi pour des Maliens et l’augmentation du nombre de visas annuels. Mais selon nos dernières sources, les exigences actuelles ne porteraient plus que sur le nombre de visas : la France en proposerait 1.500 et le Mali en exigerait 4.000. »
L’AME et son collectif de soutien « très inquiets »
En conséquence, l’AME et son collectif de soutien, qui soulèvent d’autres problématiques, se disent « très inquiets ». Surtout, ils « demandent à l’Etat malien d’interrompre toutes négociations concernant les flux migratoires au titre des droits et de la dignité des personnes maliennes se trouvant en France, mais également dans un souci de soutenir ses ressortissants dont les projets migratoires ont pour objectif essentiel l’amélioration des conditions de vie de leurs familles ».
La visite d’Eric Besson intervient après que le Mali a achevé mercredi une campagne d’information et de sensibilisation mettant en garde contre l’immigration clandestine. La campagne reposait entre autres sur des conférences-débats, des sketches, des témoignages et des films.
Lors de la clôture de cette campagne, Badra Alou Macalou avait déclaré : « Plutôt que des barricades, des passerelles bien pensées entre les pays du nord et ceux du sud pourraient contribuer à une gestion sereine des flux migratoires ».
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