Omar el-Béchir nargue la CPI

Le président soudanais s’est rendu dans trois pays africains cette semaine : l’Erythrée, l’Egypte et la Libye. Omar el-Béchir, qui pourrait se rendre au Qatar vendredi, cherche ainsi à prouver qu’il reste intouchable malgré le mandat d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité que la Cour pénale internationale a émis contre lui. 

Publié le 26 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Omar el-Béchir en tournée africaine. Lundi, le président soudanais s’est déplacé en Erythrée. Mercredi, il a rendu visite à son homologue égyptien Hosni Moubarak. L’homme fort de Khartoum était ensuite annoncé jeudi en Ethiopie. Et puis, au dernier moment, changement de programme : Omar el-Béchir a choisi la Libye… 

Pour le maître de Khartoum, ces voyages prouvent que c’est lui le gagnant du bras de fer qui l’oppose à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye (Pays-Bas). Cette instance a lancé contre lui, le 4 mars, un mandat d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour (Ouest), où la guerre a fait 300 000 morts et 2,7 millions de déplacés depuis 2003, selon les Nations Unies. 

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Voyages dans les pays opposés à la CPI 

« Le président a déclaré récemment que le mandat d’arrêt ne vaut même pas l’encre avec laquelle il a été rédigé. C’est le message de ce voyage" a indiqué un responsable soudanais à l’arrivée d’Omar el-Béchir au Caire. "Il continuera à se rendre dans les pays qui s’opposent à la CPI, a-t-il encore indiqué, et ils sont nombreux, tous les pays africains, arabes et de nombreux pays d’Asie ».

Le chef de l’Etat soudanais nargue donc la CPI, mais en assurant ses arrières. Car les pays où il se rend ou se rendra ne reconnaissent pas la juridiction internationale et, en conséquence, ne sont pas tenus de l’arrêter. Et comme la CPI ne dispose pas d’une force de police…

Reste que le comité des oulémas soudanais a émis le week-end dernier une fatwa lui demandant de ne pas assister, fin mars, au sommet de la Ligue arabe au Qatar, pays non signataire du traité de Rome constitutif de la CPI. 

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Fatwa préventive 

« Ceci est une fatwa sur l’inadmissibilité pour le président de la République d’assister au sommet de la Ligue arabe au Qatar dans les conditions actuelles alors que les ennemis de Dieu et de la souveraineté de la nation vous y attendent », souligne l’édit religieux diffusé par plusieurs médias locaux. 

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Car la CPI compte bien mettre la main sur Omar el-Béchir. « Il n’y a pas de voie de sortie possible », a expliqué à l’AFP un membre du bureau du procureur de la CPI Luis Moreno Ocampo. Cette source a précisé que la Cour « surveillait » de près les allers et venues du président. 

Amnesty International en colère 

Si la CPI estime qu’Omar el-Béchir ne perd rien pour attendre, Amnesty International fulmine. « L’Égypte et les autres États membres de la Ligue arabe ne devraient pas aider le président el-Béchir à échapper à la justice internationale, a déclaré la secrétaire générale de l’organisation. Sa présence en Égypte ce mercredi 25 mars était l’occasion de donner suite au mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale. »

Irene Khan a ajouté qu’« en déclarant que le président el-Béchir bénéficiait de l’immunité en ce qui concerne le mandat d’arrêt (…), la Ligue a mis à mal le droit international, qui ne prévoit aucune immunité pour personne, pas même un chef d’État, en cas de crimes aussi graves ».

Et de conclure : « La Ligue a eu raison de faire appel à la justice internationale pour les crimes de guerre et autres violations graves du droit international commis durant le récent conflit à Gaza. Les membres de la Ligue devraient appliquer les mêmes normes pour les crimes commis au Soudan ». (avec AFP)

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