L’Afrique, cible des avionneurs au salon du Bourget
Du 17 au 23 juin, le salon aéronautique du Bourget fête son cinquantième anniversaire. L’occasion pour les constructeurs d’avions de taille moyenne de courtiser les compagnies africaines dont les commandes vont augmenter dans les prochaines années.
Sur le tarmac de l’aéroport proche de Paris, pas moins de 351 000 visiteurs sont attendus pour découvrir les derniers modèles d’avions, d’hélicoptères civils et militaires, mais aussi de drones, ballons dirigeables et autres satellites… Parmi eux, quelques Africains, principalement des représentants des compagnies aériennes cherchant à acheter des avions, sur un marché aéronautique encore dominé par les deux géants occidentaux, EADS pour les Européens et Boeing pour les Américains. Seuls deux pays africains sont représentés parmi les exposants, la Tunisie et le Maroc, en raison de la présence des sous-traitants aéronautiques sur leur territoire (lire l’encadré).
Le savoir-faire maghrébin à l’honneur
Pendant le salon du Bourget, le ministre tunisien de l’industrie Mehdi Jomaa et Gaby Lopez, le président du Groupement des industries tunisiennes aéronautique et spatiales (GITAS), se sont démenés pour mettre en avant le développement du secteur dans leur pays. On y dénombre 57 entreprises sous-traitantes – pour la plupart françaises – employant 9500 salariés. D’ici 2018, la Tunisie espère une croissance de 15% du chiffre d’affaires de ce secteur.
Côté marocain, Driss Benhima, patron de la Royal Air Maroc vantait sur le stand d’Invest in Morocco la « mise en place d’un pôle de maintenance compétitif à Casablanca », grâce à deux coentreprises entre sa compagnie et des sociétés françaises : Snecma pour les moteurs et Air France industries pour le fuselage et l’habitacle. Un troisième partenariat franco-marocain est en cours de signature (peinture).
Une fois encore, la guerre commerciale entre les deux principaux avionneurs passionne les visiteurs. Tous deux ont d’ores et déjà enregistré des commandes records pendant le salon, représentant 39,3 milliards de dollars pour Airbus et 38 milliards pour Boeing. Mais les constructeurs d’avions civils de plus petite taille – de 50 à 100 passagers – se livrent eux-aussi une compétition féroce, et en particulier sur le marché africain.
Plus petits, moins consommateurs
Pour Bombardier, Embraer et ATR, présents sur ce segment, l’Afrique est – avec l’Asie – la zone de croissance la plus attractive. « Soixante-dix pour cent des liaisons intra-africaines ne sont opérées que par une seule compagnie, avec moins d’une fréquence par jour et un coefficient de remplissage d’environ 60%, inférieur à la moyenne mondiale de 70%. Par conséquent, nos appareils – plus petits, moins consommateurs en carburant – sont bien placés pour séduire les compagnies du continent », affirme Matthieu Duquesnoy, vice-président en charge de l’Afrique pour Embraer. Le groupe brésilien, qui compte une vingtaine d’opérateurs sur le continent – dont Egyptair, Kenya Airways, et la Royal Air Maroc – est ambitieux. « Nous prévoyons que les compagnies africaines se dotent de 250 appareils de notre segment en 20 ans », prédit son vice-président. Embraer compte doper ses ventes grâce à l’E2, le dernier né de la famille E Jet (environ 100 places),lancé officiellement lors du salon, qui sera livré à partir de 2018. « Nous avons reçu les premières commandes fermes pour ce nouvel avion, dont 6 émanent du continent africain, ce qui représente une dizaine d’appareils», précise Mathieu Duquesnoy.
Chez le canadien Bombardier, même enthousiasme commercial : « nous venons de signer avec le treizième opérateur de notre modèle CRJ (60 à 99 places). Au total nous comptons 160 avions sur le continent, se félicite Raphaël Haddad, vice-président Afrique et Moyen-Orient. Il confie avoir reçu au Bourget la visite de ses clients actuels -Ethiopian Airlines, le nigérian Arik Air, l’algérien Tassili Airlines et South African Express – intéressés par les futurs C-Series (de 100 à 149 places), dont la maquette été exposée au Bourget. D’après Boeing, d’ici 2032, l’aviation civile africaine devrait s’équiper de 1070 avions supplémentaires. Aucun avionneur ne peut faire l’impasse sur le continent.
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