Les accusations contre le comportement de Tsahal à Gaza se multiplient
Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme accusent l’armée israélienne d’avoir commis des « crimes de guerre » lors de l’opération « Plomb durci » dans la bande de Gaza. Tsahal se voit neproché d’avoir délibérément visé des civils et d’avoir entravé les secours aux blessés. Des enquêtes militaires ont été ouvertes tandis que les associations continuent de recueillir des témoignages.
Tsahal coupable de « crimes de guerre » et violations du droit humanitaire. Des organisations et médias accusent l’armée israélienne d’avoir délibérément attaqué des civils, des établissements médicaux et des convois humanitaires lors de l’opération « Plomb durci », menée en décembre et janvier dans la bande de Gaza.
Plusieurs organisations israéliennes ont réclamé la semaine dernière une « enquête indépendante » pour « crimes de guerre ». Même volonté du rapporteur spécial des Nations Unies, qui espère déterminer si Tsahal pouvait distinguer les cibles militaires et civiles. « Si ce n’était pas possible, a précisé Richard Falk, alors l’offensive est par nature illégale et constitue un crime de guerre de grande ampleur. »
Un rapport des Nations Unies souligne que « Plomb durci » a coûté la vie à quelque 1 440 Palestiniens, dont des centaines d’enfants, de femmes et de personnes âgées. D’après des organisations des droits humains, certaines de ces victimes ont été assassinées alors qu’elles ne représentaient aucun danger.
Ambulanciers empêchés de travailler
Quant aux blessés, des ambulanciers et autres secouristes ont parfois été empêchés d’exercer leur travail. Des témoins parlent de tirs sur les ambulanciers, même lorsqu’ils étaient clairement identifiables. Médecins pour les droits de l’homme dresse le bilan de l’offensive pour les personnels soignants : 16 secouristes palestiniens tués et 25 blessés. Elle estime par ailleurs que Tsahal a attaqué 26 dispensaires et huit hôpitaux.
« Les soldats israéliens ont violé de façon répétée l’éthique de l’armée et les droits humanitaires de base, d’une manière qui soulève des suspicions de violation de la loi internationale concernant les blessés et la sécurité des équipes médicales, résume dans un rapport Médecins pour les droits de l’homme. (…) Il ressort de ces incidents que l’armée a non seulement empêché l’évacuation de familles assiégées et blessées mais a aussi interdit aux équipes médicales palestiniennes de les atteindre. »
Légitime défense
Tsahal, qui a mené sa propre enquête sur les accusations dont elle fait l’objet, répond par la légitime défense. Selon elle, les combattants du Hamas se servaient « de véhicules, d’établissements et d’uniformes médicaux pour dissimuler et camoufler des activités terroristes ».
En février, l’officier supérieur Danny Zamir a organisé une rencontre entre militaires. Il s’est indigné de ce que la stratégie de combat avait « semé des destructions massives parmi les civils ». Une référence aux témoignages de certains soldats. « On était censé exploser la porte [d’entrée des maisons], tirer à l’intérieur, et puis… J’appelle ça un meurtre, a confié l’un d’eux, selon les propos rapportés par le quotidien Haaretz. En effet, on devait monter étage par étage, et tirer sur toute personne qu’on identifiait. Je me suis d’abord demandé : "Où est la logique dans tout ça ?" Nos supérieurs disaient que c’était permis, parce que quiconque se trouvait encore à Gaza et dans les environs était forcément un terroriste, puisqu’il n’avait pas fui. »
Des soldats avec des tee-shirts anti-palestiniens
D’autres militaires ont parlé de personnes abattues de « sang-froid » et d’actes de vandalisme. Une thèse qui ne convainc pas le chef d’état-major de l’armée. « Je ne crois pas que les troupes israéliennes ont porté atteinte à des civils palestiniens de sang froid, a expliqué le général Gabi Ashkenazi. Attendons l’issue de l’enquête, mais mon impression est que l’armée (…) a agi avec moralité et éthique et si de tels cas se sont produits, ils étaient isolés. »
Les accusations contre Tsahal arrivent au moment où Haaretz révèle que des soldats israéliens portent des tee-shirts avec des messages anti-palestiniens, dont au moins un appelle au meurtre. Un fournisseur a indiqué que la moitié des mille tee-shirts qu’il produit par mois sont destinés aux militaires. Par ailleurs, l’aumônier en chef de Tsahal a été « sévèrement réprimandé » pour avoir autorisé la distribution d’une brochure appelant à être impitoyable avec les ennemis. De quoi faire mentir le ministre de
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