Pour les malgaches, Ravalomanana et Rajoelina, c’est bonnet blanc et blanc bonnet

Des milliers de Malgaches multiplient les manifestations contre l’arrivée au pouvoir d’Andry Rajoelina. Si certains souhaitent le retour du président déchu Marc Ravalomanana, d’autres plaident pour une « troisième voie ». Dans le même temps, le chef de l’Etat démissionnaire, réapparu lundi au Swaziland, se préparerait à reprendre son poste.

Publié le 25 mars 2009 Lecture : 4 minutes.

Andry Rajoelina est de plus en plus isolé. Son accession à la tête de Madagascar après une démission forcée de Marc Ravalomanana, le 17 mars, passe difficilement. La communauté internationale multiplie les condamnations tandis que les  Etats-Unis et l’Union Européenne qualifient sa prise de fonctions de « coup d’Etat ». Dans la Grande Ile, la situation ne lui est pas vraiment plus favorable.

« L’armée unie derrière Rajoelina »

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Des rumeurs font état de divisions dans les rangs de l’armée, dont le rôle s’est révélé décisif dans le départ de Marc Ravalomanana. Mardi, le chef d’état-major a remis les pendules à l’heure. « Ce n’est pas vrai que certains régiments sont hostiles au régime actuel. L’armée est unie derrière moi et reste sous mon commandement », a déclaré à la presse le colonel André Ndriarijaona.

Dans la rue, le quotidien d’Antananarivo est rythmé par les manifestations. Lundi et mardi, des milliers de personnes ont battu le pavé dans la capitale. Plus précisément autour de la place du 13-Mai. Tout un symbole : c’est de là qu’Andry Rajoelina avait commencé le mouvement de contestation qui a poussé Marc Ravalomanana à transmettre le pouvoir à un directoire militaire, qui l’a par la suite remis à l’ancien maire d’Antananarivo.

Avec ou sans Ravalomanana

Certains manifestants de mardi demandent simplement le retour du président démissionnaire, dénonçant une prise de pouvoir « illégale » et « anticonstitutionnelle » d’Andry Rajoelina. D’autant que, d’après la loi fondamentale, c’est le président de la haute chambre qui aurait dû assumer l’intérim après le départ de l’homme d’affaires. Par ailleurs Andry Rajoelina n’a que 34 ans, au lieu des 40 ans minimum requis pour diriger le pays.

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D’autres marcheurs ne misent pas nécessairement sur un retour de Marc Ravalomanana. « Notre objectif est le retour à l’ordre constitutionnel et juridique et qu’on organise le plus vite possible des assises nationales et des élections. On n’est pas seulement obnubilé par le retour du président Ravalomanana », a expliqué à l’AFP Andrianatoandro Raharinaivo, porte-parole du parti TIM de Marc Ravalomanana, et l’un des leaders du mouvement de contestation.

« Troisième voie »

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Alain Andriamiseza, qui se présente également comme un des organisateurs du mouvement de contestation, prône pour sa part une « troisième voie ». « Le retour de Ravalomanana n’est pas à notre agenda car ce n’est pas dans l’intérêt du peuple, et nous souhaitons le départ de Rajoelina », a-t-il affirmé à l’AFP. Le numéro un de l’« Alliance démocratique » précise qu’il souhaite le lancement de négociations pour mettre en place « un système démocratique accepté par tous les Malgaches ».

D’autres se prennent à rêver d’un nouveau leader. A l’image d’Hary Rakotondrafy, une étudiante. « Nous ne sommes pas d’accord avec la prise de pouvoir par la force de Rajoelina, mais je ne pense pas que le retour de Ravalomanana soit la bonne solution car il a commis des erreurs. On espère qu’il y aura un nouvel homme politique qui pourra émerger », a-t-elle confié à l’AFP.

Clothilde, professeur d’anglais dans un lycée de la capitale, propose une autre option : « Un référendum pour déterminer si Ravalomanana doit continuer jusqu’à la fin de son mandat (fin 2011) ou pas ».

Assises nationales

Face à la contestation, le porte-parole et ministre des Télécommunications a estimé qu’on pouvait « se réjouir de la démocratie effective à Madagascar ». Augustin Andriamananoro a cependant annoncé la tenue d’assises nationales – une main tendue qu’Andry Rajoelina avait refusée lorsque Marc Ravalomanana l’avait proposée.

« La première sesssion aura lieu les 2 et 3 avril. Tous les acteurs sociaux, les partis politiques, les forces vives de ce pays seront conviés à honorer ce grand rendez-vous », a indiqué Augustin Andriamananoro, assurant que l’ex-parti au pouvoir serait « bien évidemment » invité.

Ravalomanana au Swaziland

L’assise nationale permettra d’« essayer de déterminer la date pour l’organisation et la tenue de l’élection présidentielle et l’élaboration du code électoral ». Il s’agira aussi « de déterminer les points abordés pour la conférence nationale qui déterminera l’élaboration d’une nouvelle Constitution pour le passage à la IVème République ».

De son côté, Marc Ravalomanana préparerait son retour au pouvoir depuis le Swaziland, où il est réapparu lundi après-midi. Il s’est entretenu avec le roi Mswati III, président d’une troïka de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), à laquelle appartient Madagascar.

Il pourrait assister lundi à Mbabane, la capitale, à un sommet régional de SADC. L">la SADC. L’instance, qui condamne le coup de force d’Andry Rajoelina, pourrait alors prononcer des sanctions contre le nouveau régime.

Selon le quotidien Times of Swaziland, Marc Ravalomanana souhaite que Madagascar règle la crise en s’appuyant sur la constitution : il serait question d’organiser un scrutin pour que le peuple choisisse son dirigeant. Toujours selon cette source, Andry Rajoelina aurait lui aussi l’intention de s’entretenir avec le roi swazi et pourrait dépêcher un émissaire sur place. (avec AFP, AP et Reuters)

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