Le pape achève dans la ferveur un voyage en Afrique marqué par la polémique
Le pape Benoît XVI a quitté lundi matin l’Angola, deuxième et dernière étape de sa tournée africaine. Il a dénoncé la corruption et appelé les dirigeants africains à se préoccuper du « bien commun ».
Le pape Benoît XVI a achevé lundi son voyage pastoral d’une semaine en Afrique, terni par une polémique sur le préservatif, en exhortant une dernière fois les leaders politiques à se concentrer sur les besoins des plus pauvres. Malgré cette polémique, dont la presse mondiale s’est fait largement l’écho, cette première tournée en Afrique a attiré vers lui des foules de fidèles fervents et enthousiastes, notamment en Angola.
Juste avant de quitter Luanda pour le Vatican, le souverain pontife a lancé "un appel final" aux dirigeants des Etats pour qu’ils se préoccupent "du bien commun" et non de leur propre intérêt. Dans un discours devant le président angolais José Eduardo dos Santos, il a "demandé que la réalisation légitime des aspirations fondamentales des populations les plus démunies constitue la préoccupation principale de ceux qui assument les charges publiques."
Appels à combattre la pauvreté
"Notre cœur ne peut être tranquille tant que des frères souffrent à cause du manque de nourriture, de travail, de maison ou d’autres biens primordiaux", a-t-il poursuivi. Sept ans après la fin d’une longue guerre civile (1975-2002), deux tiers des Angolais vivent toujours avec moins de deux dollars par jour en dépit des énormes ressources pétrolières de leur pays. Et l’ancienne colonie portugaise, dirigée depuis 30 ans par M. dos Santos, est l’un des pays les plus corrompus au monde, selon Transparency International. Le chef de l’Etat angolais n’a pas réagi aux appels du pape, se contentant dans son message d’adieu de le remercier pour "son honorable présence".
Dès son arrivée à Luanda vendredi, en provenance du Cameroun, le pape avait exhorté les autorités à faire davantage pour lutter contre la pauvreté et à "éradiquer une fois pour toutes la corruption". Dimanche, lors d’une messe en plein air qui a rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes, il a également lancé un vibrant appel à la paix en Afrique, "ce grand continent assoiffé de justice". "Frères et amis d’Afrique, chers Angolais, courage! Ne vous lassez pas de faire progresser la paix, en accomplissant des gestes de pardon et en travaillant pour la réconciliation nationale", a-t-il martelé lundi.
Les déclarations sur le préservatif ne passent pas
Mais ces paroles fortes risquent d’être noyées dans la polémique mondiale suscitée par ses propos sur le préservatif. Au début de sa visite, le pape avait estimé que l’on ne pouvait "pas régler le problème du sida" en distribuant des préservatifs et que, "au contraire", leur "utilisation aggravait le problème". Ces déclarations ont suscité un tollé auprès des organisations de lutte contre la pandémie et ont été vivement critiquées par plusieurs gouvernements.
La première visite de Benoît XVI en Afrique a également été endeuillée par la mort de deux jeunes Angolaises, tuées dans une bousculade samedi en marge d’une rencontre avec la jeunesse de Luanda. Dimanche, le pape a fait part de sa "vive douleur" pour les victimes et prié pour la quarantaine de personnes blessées dans le mouvement de panique.
Préparation du deuxième synode pour l’Afrique
Malgré cet accident, la visite pontificale a suscité l’enthousiasme en Angola, où 55% de la population est catholique. Une messe dimanche a réuni des centaines de milliers de fidèles et, lundi encore, les Angolais s’étaient alignés dans les rues menant à l’aéroport pour saluer le passage de la papamobile.
Un autre objectif du voyage du pape était de préparer le deuxième synode pour l’Afrique, qui se tiendra en octobre et abordera en particulier les conséquences de la globalisation pour le continent. A Yaoundé, Benoît XVI a promulgué le document préparatoire de ce synode, qui accuse la "globalisation" de menacer "les valeurs africaines authentiques" comme le "respect des Anciens", "le respect de la vie" ou la culture de l’entraide. (AFP)
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