La communauté internationale s’inquiète de la suspension du Parlement et du Sénat
Le président de transition malgache a annoncé jeudi la suspension du Parlement et du Sénat. Les deux chambres sont remplacées par une « Haute autorité pour la transition » et un « Conseil pour le redressement économique et social ». La décision intervient alors que l’Union africaine a suspendu Madagascar ce vendredi, et que les pays d’Afrique australe et les Etats-Unis dénoncent l’accession au pouvoir d’Andry Rajoelina.
Les parlementaires et les sénateurs malgaches au chômage technique. Jeudi, au cours de son premier conseil des ministres, le président de la transition Andry Rajoelina a déclaré que le Parlement et Sénat étaient suspendus. Les deux chambres sont remplacées par une « Haute autorité pour la transition » et un « Conseil pour le redressement économique et social ».
« Le gouvernement de transition a de nombreuses tâches »
La « Haute Autorité pour la transition est garante du fonctionnement régulier des institutions et de la démocratie durant la période transitoire qui ne peut excéder 24 mois », a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement, qui compte pour l’heure une dizaine de ministres.
« La priorité, a ajouté Augustin Andriamananoro, est la mise en place de la transition et la sécurité publique. » « Le gouvernement de transition a de nombreuses tâches, notamment la réconciliation entre les forces armées, les politiciens, les hommes d’affaires et de les églises », a précisé Andry Rajoelina lors de sa première conférence de presse.
Interrogé sur le sentiment de la communauté internationale quant à sa proclamation comme chef de l’Etat, mercredi, par la Haute cour constitutionnelle, l’ancien maire de la capitale Antananarivo s’est révélé confiant : « Tous les peuples dans le monde sont d’accord sur ce que la Haute Cour constitutionnelle a donné son accord ». « La question n’est plus la reconnaissance, mais la façon dont nous allons diriger la transition », avait-il ajouté en sortant d’une « visite de courtoisie » que lui avait rendu Jean-Marc Châtaigner, le nouvel ambassadeur de France à Madagascar.
Madagascar suspendue
Reste que sur le terrain, rien n’est acquis. La France, premier bailleur bilatéral de Madagascar, a bien annoncé qu’elle « continuera naturellement d’aider la population malgache et poursuivra sa politique de coopération ». Même si elle estime que « le délai annoncé de 24 mois pour l’organisation de nouvelles élections est trop long ».
Mais le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine (UA) a annoncé vendredi à Addis Abeba (Ethiopie) la suspension de Madagascar de l’organisation, au motif que le processus qui a porté Andry Rajoelina au pouvoir est « anticonstitutionnel ».
De son côté, la présidence tchèque de l’Union Européenne parle de « coup d’Etat » menace Antananarivo de suspendre son aide. Les Etats-Unis ont dénoncé un changement de pouvoir « non démocratique » et indiqué qu’ils étaient « en train d’évaluer l’impact que ce transfert va avoir ». En terre africaine, la Communauté de développement d’Afrique centrale (SADC), dont Madagascar est membre, a déclaré jeudi qu’elle « ne reconnaît pas Rajoelina comme président car sa nomination viole non seulement la constitution de Madagascar mais aussi les principes internationaux comme les protocoles de la SADC, de l’UA et des Nations Unies ».
Optimiste, le premier ministre de transition Monja Roindefo n’envisage même pas que les bailleurs de fonds tournent le dos à Madagascar : « Sincèrement, a-t-il expliqué à l’AFP, je ne vois pas pourquoi ils arrêteraient les relations, s’ils n’ont pas arrêté malgré la gouvernance de Ravalomanana », régulièrement accusé par l’opposition d’avoir confondu ses intérêts privés avec ceux de l’Etat. (avec AFP et Xinhua)
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