Le clan Ravalomanana privé de sortie

Le président de transition de Madagascar a réaffirmé mercredi qu’il voulait que l’ancien chef de l’Etat Marc Ravalomanana soit jugé pour « haute trahison ». Andry Rajoelina, qui a promis de sortir les Malgaches de la pauvreté, a par ailleurs interdit à des « ministres suspects » de quitter la Grande Ile.

Publié le 19 mars 2009 Lecture : 3 minutes.

Andry Rajoelina veut faire payer Marc Ravalomamana. Le président de transition de Madagascar a répété mercredi qu’il espérait faire arrêter et juger le chef de l’Etat déchu. Le motif ? La « haute trahison » du peuple malgache. Une accusation qui renvoie à la gestion jugée calamiteuse du pays.

Problème, Marc Ravalomanana est introuvable depuis sa démission, mardi. D’aucuns affirment que l’ex-numéro un est toujours sur la Grande Ile, qu’il n’a pas pu fuir en exil. Un avis que partage Andry Rajoelina, qui le croit « dans une résidence d’ambassade ». Il a précisé que si tel est le cas et que l’édifice est surveillé, « on ne peut pas y pénétrer ».

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« Beaucoup d’argent débloqué de la banque centrale »

L’ancien maire d’Antananarivo, la capitale, a cependant souligné qu’il se tenait prêt à faire arrêter son prédécesseur dès qu’il sortirait. Et le président proclamé par la Haute cour constitutionnelle d’ajouter que c’est sa ministre de la Justice Christine Razanamahasoa qui se chargerait du dossier.

Un dossier auquel pourrait s’ajouter celui d’anciens responsables du gouvernement démissionnaire. Andry Rajoelina a interdit « à des ministres suspects » de quitter le territoire malgache. « Il y a beaucoup de dossiers (en cours) actuellement, a-t-il justifié. Il ne faut pas quitter le pays avant qu’on ne constate réellement l’état des choses. Il y a beaucoup d’argent qui a été débloqué de la banque centrale à Madagascar. »

Sur le plan social, le politicien de 34 ans s’est engagé à faire « tout [son] possible pour que les Malgaches sortent de la pauvreté ». Devant 15 000 partisans rassemblés au centre de la capitale, il a promis mercredi de « faire baisser le prix du riz » et de vendre de l’avion personnel de Marc Ravalomanana pour « monter un hôpital pour la santé du peuple, qui est prioritaire ».

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Daewoo exproprié

Autre annonce retentissante : l’annulation du projet agricole de Daewoo Logistics. « Dans la constitution, il est stipulé que les terres de Madagascar ne sont ni à vendre ni à louer, aussi l’accord avec Daewoo est-il annulé », a expliqué Andry Rajoelina.

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Selon le quotidien économique britannique Financial Times, l’accord signé en juillet 2008 permettait au groupe sud-coréen d’exploiter gratuitement pendant 99 ans 1,3 million d’hectares, soit la moitié des terres arables du pays. Un million devait servir à la culture de maïs et les 300 000 autres pour la production d’huile de palme.

La compagnie devait en échange embaucher des locaux et notamment investir dans la construction de routes et des travaux d’irrigations dans les régions d’exploitation. Un deal qui avait mis en colère la population malgache et fait dire à Andry Rajoelina que Marc Ravalomanana, grand homme d’affaires, avait vendu Madagascar.

Une présidence en voie de validation ?

A noter que l’accession d’Andry Rajoelina à la magistrature suprême fait toujours parler. L’Union Africaine (UA) a reporté à vendredi une réunion extraordinaire que son Conseil de paix et de sécurité devait initialement tenir jeudi. Elle n’a pas encore tranché sur la présidence d’Andry Rajoelina, mais son envoyé spécial Ablassé Ouédraogo a rencontré mercredi l’ancien disc-jockey. De même que la chargée d’affaires de l’ambassade de France, Marie-Claire Gérardin et l’envoyé spécial de la Francophonie, Edem Kodjo.

Que s’est-il raconté ? Les trois intéressés n’ont pas fait de déclaration. Mais Andry Rajoelina a pour sa part indiqué : « Comme le pouvoir est maintenant légalement entre mes mains pour diriger le pays, ils sont venus faire une visite de courtoisie »…

En ce qui concerne la position de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), qui doit se réunir jeudi au Swaziland pour « discuter » de la crise à Madagascar, elle semble sans ambigüité. L’Afrique du Sud – qui préside actuellement la SADC, organe auquel appartient la Grande Ile – a fait savoir que l’organisation n’encouragera « jamais le transfert anticonstitutionnel du pouvoir d’un gouvernement élu démocratiquement au sein de ses Etats membres ». La Zambie est même allée plus loin en demandant que la région et l’UA suspendent Madagascar.

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