Coup d’Etat à petits pas

L’armée a investi lundi la présidence malgache. Le chef de l’Etat n’y était pas : il serait actuellement retranché dans un autre palais, à une dizaine de kilomètres de la capitale. L’Union Africaine et l’Union Européenne ont condamné le coup de force des militaires. Les 27 ont même brandi la menace de sanctions…  

Publié le 17 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Des blindés au cœur de la présidence malgache. Lundi soir, des militaires ont investi le palais d’Ambohitsorohitra et la banque centrale. Des journalistes de l’AFP précisent que « des tirs nourris et deux fortes explosions ont brièvement retenti (…) peu après l’irruption des militaires ».

Un coup d’Etat ? Symbolique, alors. L’édifice était quasiment désert : le chef de l’Etat Marc Ravalomanana serait retranché dans le palais d’Iavoloha, à une dizaine de kilomètres de la capitale Antananarivo. Interrogé sur l’éventualité d’une intervention dans cette résidence, un officier supérieur a confié : « Non. Pour l’instant, nous n’avons pas d’autres ordres ».

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Qui a dit aux soldats de prendre la présidence ? Andry Rajoelina, en guerre ouverte avec le chef de l’Etat depuis plusieurs semaines, assure n’y être pour rien. Plus tôt dans la journée, il avait en revanche demandé aux « forces de l’ordre d’exécuter sans retard » un « mandat d’arrêt » contre Marc Ravalomanana, accusé de « haute trahison ».

Le président approche l’Onu et la SADC

« Triste par rapport à ce qui se passe », le président, toujours ouvert au dialogue, « compte rester à Madagascar. Il l’a fait savoir à la garde présidentielle, qui lui a dit qu’il devait se rendre ailleurs. Et il a répondu "Je mourrai avec vous s’il le faut" », a déclaré Andry Ralijaona, porte-parole de Marc Ravalomanana.

Il reconnaît que « les pouvoirs du président sont actuellement limités ». D’autant que, mardi, sept ministres ont démissionné, d’après la radio Antsiva. Mais le porte-parole souligne que l’homme d’affaires étudie d’autres alternatives pour conserver son fauteuil. Dont celle de faire jouer ses relations : « Il a encore le pouvoir de réclamer une aide extérieure ainsi qu’un réseau par lequel s’adresser au peuple ».

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Andry Ralijaona fait référence à un « soutien de la communauté internationale, de la SADC (Communauté pour le développement de l’Afrique australe) et/ou de l’Onu ». Selon lui, la nature d’une telle coopération serait d’ordre « militaire et administratif », et cette « option a été discutée avec la SADC et avec l’Onu ».

Condamnations de l’UA et l’UE

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Sur la scène internationale, les condamnations de l’intrusion militaire pleuvent. Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine a condamné la « tentative » de coup d’Etat. Il a par ailleurs averti l’opposition et l’armée qu’il dénoncerait une prise illégale du pouvoir. Même discours du côté de l’Union européenne, qui menace en prime de suspendre son aide en cas de putsch.

Alors que la France appelle à « un dialogue élargi conforme à l’Etat de droit » pour une « issue pacifique », l’Onu on se penche déjà sur l’après-crise. « Madagascar aura besoin d’un gouvernement de consensus qui devra aller au-delà de Ravalomanana et de Rajoelina. Madagascar doit tourner le dos au cycle de violence. La seule voie possible pour trouver une solution est celle du dialogue et de la démocratie », a déclaré à Reuters le médiateur Tiébilé Dramé, ancien ministre malien des Affaires étrangères.

Mardi, un calme précaire était revenu dans la capitale. Mais pour combien de temps ? L’opposant Andry Rajoelina a averti lundi à Reuters que « beaucoup de choses vont se passer dans les prochaines 48 heures ».

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