L’Assemblée nationale veut la tête de Vital Kamerhe
Les députés de la majorité congolais appellent une nouvelle fois à la démission du président de l’Assemblée nationale. Ils l’ont fait savoir dimanche dans une déclaration et, lundi, dans une motion de déchéance. En cause ? Les critiques de Vital Kamerhe concernant une opération militaire congolo-rwandaise dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
Le président de l’Assemblée nationale congolaise dans la ligne de mire des députés. Dimanche, l’Alliance de la majorité présidentielle (AMP) a déclaré qu’elle retirait sa « confiance » à Vital Kamerhe, membre du parti du chef de l’Etat Joseph Kabila. Elle a ajouté qu’elle le désavouait et boycottait « la séance d’ouverture de la session ordinaire » parlementaire de ce lundi.
« Obtenir sa déchéance »
Surtout, l’AMP a appelé Vital Kamerhe à démissionner. Faute de quoi, elle a fait savoir qu’elle se tenait prête à « mettre en œuvre les mécanismes réglementaires à l’effet d’obtenir sa déchéance ». Le processus de déchéance est déjà en cours, selon Radio Okapi. La radio de la mission des Nations Unies en République Démocratique du Congo (RDC) souligne en effet que l’Alliance a « procédé à la signature d’une pétition » en ce sens.
Rebelote lundi. Lors d’une réunion au siège de l’AMP, 301 des 320 députés nationaux de la plateforme ont signé une motion de déchéance avec effet immédiat pour « faute lourde », selon le quotidien congolais Le Potentiel. Pendant ce temps, dans une Assemblée nationale dégarnie, le principal intéressé assurait : « J’inscrirai la question de ma démission et du renouvellement du bureau à la prochaine réunion de la conférence des présidents, avant de venir en débattre en plénière, et ce, en conformité avec la constitution et notre règlement intérieur ».
Pourquoi ce bras de fer ? La raison majeure est que Vital Kamerhe a qualifié de « grave » le lancement, le 20 janvier, d’une opération militaire congolo-rwandaise dans l’Est de la RDC. Le président de l’Assemblée s’exprimait lors d’une interview accordée début février à Radio Okapi. Une interview lors de laquelle il a précisé qu’il n’avait pas été « informé de l’entrée sur le territoire congolais (…) des troupes de l’armée rwandaise ».
Liaisons dangereuses
L’objectif de l’intervention conjointe était de se débarrasser des rebelles hutus du Front démocratique pour la libération du Rwanda, qui opèrent depuis le territoire congolais pour reprendre le pouvoir à Kigali. Mais Vital Kamerhe, qui nie tout sentiment hostile envers le pays des Milles collines, juge anormal de n’avoir pas été informé de l’offensive. Quant à la population congolaise, une partie a jugé l’alliance congolo-rwandaise surprenante, voire dangereuse. Une allusion aux guerres et tensions qui ponctuent depuis des années les relations entre le Rwanda et la RDC.
Reste que les déclarations de Vital Kamerhe ont provoqué un véritable tollé dans le camp présidentiel. L’AMP a jugé ses commentaires risqués pour « la sécurité et la cohésion nationales ». Depuis, elle ne cesse d’appeler au départ de Vital Kamerhe. Elle a également demandé aux membres du bureau de l’Assemblée de démissionner. Résultat, le bureau de sept membres ne compte plus que Vital Kamerhe et Egide Ngokoso.
Rupture consommée
Dans le même temps, des députés de l’opposition ont fait circuler une pétition qui devait permettre une session extraordinaire pour examiner le caractère « illégal » de l’entrée de troupes rwandaises en RDC. Le texte aurait recueilli le soutien de plus de 250 députés sur les 500 que compte l’Assemblée.
Malgré les médiations extérieures pour tenter réconcilier Vital Kamerhe et le président Joseph Kabila, la rupture semble bel et bien consommée. Interrogé par la presse en début de semaine dernière sur ses relations avec le président de l’Assemblée, le chef de l’Etat a répondu que « personne n’est indispensable » et que « les hommes passent et les institutions restent ». Des noms circuleraient déjà pour remplacer Vital Kamerhe.
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