Flou sur la position des forces de sécurité

Une partie de l’armée, la police et la gendarmerie de Madagascar ont annoncé qu’ils travaillaient main dans la main pour rétablir l’ordre dans la Grande Ile, en proie à une crise politique. Pour l’heure, cette solidarité semble bénéficier au maire déchu d’Antananarivo, Andry Rajoelina. Au détriment du président Marc Ravalomanana.

Publié le 13 mars 2009 Lecture : 3 minutes.

Toute une partie des forces de sécurité fait bloc contre la crise politique à Madagascar. La police nationale a fait part jeudi de son soutien à l’armée et à la gendarmerie nationale. « Nous travaillons avec le nouveau chef d’état-major de l’armée et avec la police nationale pour la résolution de la crise », a pour sa part annoncé le même jour le commandant de la gendarmerie nationale, le général Gilbain Pily.

Interrogé par l’AFP sur l’isolement du président Marc Ravalomanana, le général Gilbain Pily a souligné que « les forces armées sont apolitiques, donc il ne faut pas s’immiscer dans les affaires politiques ». Il semble cependant que les forces de sécurité aient bel et bien choisi un camp : celui d’Andry Rajoelina, le maire de la capitale Antananarivo destitué par les autorités le 3 février.

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Les forces de sécurité choisissent leur camp

Mercredi, André Andriarijaona s’est autoproclamé chef d’état-major, soutenu par des soldats mutins qui reprochent notamment au président « les violences perpétrées sur la population », violences qui ont fait 135 morts. André Andriarijaona remplacerait ainsi le général Edmond Rasolomahandry, désigné par le chef de l’Etat il y a quelques semaines. Remplacerait, car la situation sur place est si floue que l’on peine à savoir qui contrôle véritablement l’armée.

Le lendemain de cette nomination, les dissidents ont encerclé la résidence du premier ministre Charles Rabemananjara pour exiger qu’un proche d’Andry Rajoelina prenne la tête du gouvernement. Toujours jeudi, la radio privée Antsiva a indiqué que les forces armées ont aidé le ministre des Finances et du Budget du « gouvernement de transition » d’Andry Rajoelina, Benja Razafimahaleo, à s’installer dans les locaux du ministre officiel.

Le président appelle à la paix et la sécurité

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Quelles relations entretiennent le maire déchu et les mutins ? « Nous n’avons pas le soutien direct de Rajoelina, nous avons le soutien du peuple. Nous ne recevons pas d’ordres de Rajoelina », a précisé vendredi le colonel Noël Rakotonandrasa, porte-parole des mutins. Reste que le président Marc Ravalomamana joue la carte de l’apaisement et reconnaît ses « erreurs ». « Dans une déclaration faite au début du Conseil des ministres, le chef de l’Etat a une fois de plus affirmé que la priorité pour le moment était de rétablir la paix sociale et la sécurité », révèle un communiqué de la présidence.

Le numéro un malgache, qui appelle « au calme et à la sérénité », a aussi « invité la population et les forces de l’ordre à se donner la main pour une telle mission, car la mission des forces armées est de travailler pour le peuple, de le défendre avec dignité et droiture ».

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Rencontre entre les premiers ministres du pouvoir et de l’opposition

« Par ailleurs, poursuit le communiqué, le chef de l’Etat, réitérant son entière disponibilité à écouter toutes les tendances, a lancé un appel à toutes les forces vives de la Nation à participer aux prochaines assises nationales afin de trouver une solution à la crise actuelle. » Des assises qui devaient commencer jeudi mais qui ont été reportées sine die par le Conseil des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM), organisateur de la rencontre. En cause : le boycott d’Andry Rajoelina.

Si les deux principaux protagonistes de la crise n’ont pu dialoguer, une courte réunion a eu lieu jeudi entre le premier ministre malgache, Charles Rabemananjara, et son homologue du « gouvernement de transition », Monja Roindefo Zafitsimivalo. D’après la Haute autorité de transition, l’entrevue, qui s’est achevée par une séance photo et des poignées de main, avait pour objet « la passation de service dans les règles et dans la sérénité et ce, dans les meilleurs délais ».

Les mutins demeurent tout de même sur leurs gardes. Ce vendredi, ils ont déployé des chars à Antananarivo. Une mesure de précaution qui doit « permettre d’intercepter tous les mercenaires qui viendraient ici », a expliqué le porte-parole des mutins. Le colonel Noël Rakotonandrasa fait référence au recrutement présumé « de milices et de mercenaires étrangers » par Marc Ravalomamana.
 

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