Pour Moody’s, des risques pèsent sur la croissance des banques subsahariennes

L’agence de notation Moody’s a publié une revue d’ensemble du secteur bancaire d’Afrique sub-saharienne. Pour les banques, les perspectives sont positives, malgré les risques.

Seulement 24% des adultes ont un compte dans une institution financière formelle, selon la Banque mondiale © AFP

Seulement 24% des adultes ont un compte dans une institution financière formelle, selon la Banque mondiale © AFP

Publié le 20 juin 2013 Lecture : 2 minutes.

« Les systèmes bancaires sub-sahariens ont grandi et se sont renforcés de manière significative au cours de la dernière décennie. Les tendances favorables sur le plan macroéconomique, réglementaire et financier laissent penser que de nouveaux progrès sont à venir » pose sobrement la célèbre agence de notation Moody’s dans une revue d’ensemble positive mais prudente du secteur bancaire sub-saharien, publié mercredi 19 juin. 

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Contexte favorable

Avec un taux de 5.4% prévu par le FMI pour 2013, la croissance économique au sud du Sahara reste « robuste », selon Moody’s qui note que ces bons chiffres sont expliqués par le prix avantageux des matières premières, l’amélioration des finances publiques, une forte demande intérieure et des investissements soutenus. « Ce contexte favorable aura un impact positif sur les banques, avec à la clef un potentiel de croissance à deux chiffres et des nouvelles opportunités commerciales, en particulier dans les services aux entreprises », avance Constantinos Kypreos, vice-président de Moody’s et auteur du rapport.

La plupart des systèmes bancaires devraient profiter de cet élan, mais les progrès ne seront pas uniformes, nuance néanmoins l’analyste. La vulnérabilité aux fluctuations du prix des matières premières, les goulets d’étranglement au niveau des infrastructures dans les secteurs de l’énergie et du transport, tout comme la corruption et l’instabilité politique, font toujours peser des risques non négligeables de dégradation. « Ces risques vont constituer un vrai test pour la résistance des banques et leur capacité à maintenir un système financier sain », commente le vice-président. Quant aux pratiques de réglementation et de supervision bancaire, elles s’alignent progressivement sur les normes internationales mais restent insuffisantes. Ce faisant, même si la qualité des actifs restera à surveiller, les banques subsahariennes renforcent globalement leur capacité de gestion des risques et leur gouvernance. Ainsi, les niveaux des prêts non-productifs resteront inférieurs à leurs sommets historiques. Avec de grandes variantes selon les pays : au Nigeria, la restructuration a ainsi permis de faire tomber le ratio de prêts défaillants à 4% du total des prêts. Mais au Sénégal, ce ratio demeure très élevé, à 17,5%.

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Un potentiel de bancarisation important 

Seuls 24% des subsahariens possèdent un véritable compte bancaire selon la Banque mondiale. Une situation qui diffère selon les pays, avec par exemple 42% de titulaires d’un compte au Kénya contre 6% au Sénégal. Pour Moody’s, ce faible accès aux services financiers, constitue un potentiel de bancarisation important et laisse présager une forte croissance des activités des banques de détail. Mais ces opportunités ne seront pleinement exploitées dans les années à venir qu’à plusieurs conditions, prévient l’agence. « Les autorités doivent renforcer les droits des créanciers, améliorer la circulation et la qualité de l’information du crédit. Enfin les banques doivent développer des systèmes de paiement alternatifs, tel que le mobile banking et les transferts d’argent pour atteindre ses clients potentiels », énumère Constantinos Kypreos.

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« Dans ce contexte de croissance positive, d’amélioration progressive du cadre réglementaire et de hausse de la pénétration bancaire, les fondamentaux financiers sont de bonnes augures, bien que des risques baissiers subsistent », résume Moody’s, dans un style inimitable.

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