Slumdog millionaire: derrière le succès, la polémique

Publié le 11 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Avec 8 récompenses, Slumdog millionaire, le film du britannique Danny Boyle, qui met en scène les aventures d’un orphelin des bidonvilles de Bombay devenu riche en participant à l’équivalent indien de l’émission de télévision « Qui veut gagner des millions », a été le grand vainqueur aux cérémonies des Oscars de cette année. Adapté d’un roman indien traduit en français sous le titre Les fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire (Belfond, 21 euros, Poche 10-18, 7, 90 euros), le film a déjà connu un très grand succès populaire avec plus de dix millions d’entrées en Europe et aux Etats-Unis. C’est le premier grand film de Hollywood sur l’Inde avec une distribution entièrement indienne.

Si l’Inde officielle a réagi avec enthousisme à cette pluie de récompenses (« Ils ont rendu l’Inde fière » a déclaré le Premier ministre indien), la réponse indienne au film de Boyle a été plus complexe. Sortie dans les salles du sous-continent le 24 janvier, il n’a pas drainé la foule. Dans le nord de l’Inde, un cinéma projetant le film a même été attaqué par des manifestants qui protestaient contre le terme « slumdog » (littéralement « chien de bidonville »). « Chien » est un terme particulièrement injurieux en langues indiennes. D’ailleurs, une association caritative d’habitants des bidonvilles a engagé une procédure judiciaire contre le film accusé de « violer les droits de l’homme et la dignité des pauvres ».

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La principale critique contre Slumdog concerne en effet sa représentation de la misère indienne. Les journaux locaux ont parlé de « pornographie de la pauvreté ». La classe moyenne indienne, qui n’a pas oublié son passé colonial, accuse régulièrement l’Occident de monter en épingle la misère et la pauvreté de leur pays à travers ses représentations culturelles. En 1992 déjà, La Cité de la Joie de Roland Joffé avait fait les frais de la colère des intellectuels indiens.

Il n’en reste pas moins que les films bollywoodiens, dont raffolent les Indiens, puisent l’essentiel de leurs ingrédients dans les bas-fonds de cette société, où plus de la moitié de la population vit sous le seuil de la pauvreté. Or Bollywood trop obsédé par le rêve, n’a jamais réussi à produire un cinéma universel sur la réalité du vécu indien, ses paradoxes et ses injustices. Chose que réussit à merveille Slumdog du Britannique Danny Boyle malgré ses stéréotypes sur l’Inde et son côté conte de fée manichéen et invraisemblable. Sa grammaire mondialisée est le secret de son succès.      
 

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