Pays-Bas: Le député anti-musulman dans le collimateur de la justice

Publié le 10 février 2009 Lecture : 2 minutes.

L’affaire qui agite en ce moment les Pays-Bas, et en particulier la communauté immigrée, c’est encore une fois le fameux Geert Wilders qui l’a provoquée. Geert Wilders, c’est ce député populiste, pour ne pas dire d’extrême droite, qui s’est fait une spécialité d’agresser verbalement les Marocains et, plus généralement, les musulmans. Quand il pérore au Parlement, c’est surtout sa tête qui fascine. Il se teint les cheveux au peroxyde, ça lui fait une chevelure à la Marilyn Monroe, et il arbore une coupe qui date de l’Empire austro-hongrois, tout en bouclettes rejetées en arrière.

Cela dit, ce ne sont pas les bouclettes blondes de Wilders qui font l’actualité. C’est plutôt ce juge d’Amsterdam qui a ordonné au parquet d’ouvrir une enquête pour vérifier que ses déclarations ne constituent pas une infraction, voire un délit : diffamation, discrimination raciale, trouble à l’ordre public, etc. Si c’était le cas, le député pourrait être inculpé, passer en jugement et être condamné, comme n’importe quel citoyen. Il est vrai que Wilders n’y va pas avec le dos de la cuillère, coutumier qu’il est de ne jamais dire « Marocain » mais « terroriste des rues » ; de comparer le Mein Kampf de Hitler et le Coran ; de réclamer l’interdiction de celui-ci (le Coran, pas Mein Kampf) ; et de proclamer que son premier acte, le jour où il arrivera au pouvoir, sera d’expulser tous les musulmans des Pays-Bas.

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Dès l’injonction du juge connue, Wilders et ses supporteurs ont jeté les hauts cris et se sont répandus dans la presse pour crier que la liberté d’expression est en péril, que c’est la fin de la démocratie et que le « gouvernement des juges » cherche à contrer la volonté populaire. Air connu.

Ce qui est le plus étonnant – on fait semblant d’être étonné, mais on sait bien que le cynisme des populistes ne connaît pas de bornes –, c’est que ce même Wilders avait, la semaine précédente, réclamé que tous ceux qui avaient pris part à une manifestation de soutien aux Palestiniens de Gaza soient arrêtés, au prétexte qu’ils avaient scandé des slogans anti-israéliens ou même, selon lui, antisémites. Tiens ? La liberté d’expression aurait donc des limites ? Mais oui : la Constitution elle-même le dit, et c’est heureux. Mais Wilders croyait sans doute que la Constitution ne s’appliquait pas à lui, qu’il était au-dessus des lois. Heureusement qu’il s’est trouvé un juge pour le ramener sur terre. C’est une excellente nouvelle pour la démocratie.

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