Afrique du Sud : 120 000 emplois menacés dans le platine
La hausse des coûts et les troubles sociaux dans les mines de platine sud-africaines pourraient mettre en danger 121 500 emplois et 60% de la production ces deux prochaines années, a averti mardi 18 juin la banque japonaise Nomura.
L’Afrique du Sud fait toujours grise mine. Les analystes de la banque japonaise Nomura viennent en effet de brosser un sombre tableau du secteur qui produit près de 80% du platine mondial et reste profondément marqué par la tragédie de Marikana, où la police avait tiré sur des grévistes, faisant 34 morts, en août 2012.
Nomura a détaillé un contexte fortement défavorable lié une hausse des coûts d’exploitation et des tensions politiques et sociales, qui vont, selon les analystes, obliger les mines à réduire leurs opérations pour limiter les pertes. L’augmentation des salaires, le durcissement de la réglementation, l’inflation des tarifs de l’électricité et la nécessité de trouver des filons plus profonds expliqueraient en partie ces difficultés. Par ailleurs, les mines sont toujours agitées par de sanglantes rivalités syndicales, principalement entre le NUM, proche du pouvoir, et le syndicat Amcu, qui conteste sa suprématie et bouleverse l’ordre établi en négligeant les canaux traditionnels de dialogue social, n’hésitant pas à maintenir la pression en multipliant les débrayages.
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121 500 emplois à rique en 2015
Pour la banque japonaise, environ 24 000 emplois seraient mis en péril l’an prochain et 121 500 en 2015, avec à la clef des baisses de la production de 14% en 2014 et 59% en 2015. « C’est un nombre énorme, à la fois en termes absolus et en poids politique » commente un analyste.
Ces chiffres dépassent largement les plans actuels du numéro un mondial du secteur, Anglo American Platinum (Amplats), qui veut supprimer environ 6 000 emplois dans le pays. Le groupe avait annoncé vouloir se séparer de 14 000 employés, mais avait reculé devant les menaces de grève et la pression du gouvernement, qui prépare déjà les élections d’avril 2014. Preuve de la tension, plusieurs milliers de mineurs avaient débrayé et organisé un sit-in, le 14 juin, sur un site du géant anglosaxon près de Rustenburg, au nord du pays.
Le secteur du platine employait environ 195 000 personnes en 2011, selon les derniers chiffres de la Chambre des mines d’Afrique du Sud. Pour Nomura, de nombreuses compagnies minières pourraient annoncer des plans sociaux après les élections. Une bien mauvaise nouvelle pour le pays présidé par Jacob Zuma, dont l’économie reste fortement tributaire de la bonne santé du secteur minier. Attendue à 2,4% pour 2013, la croissance de l’Afrique du Sud n’avait atteint que 0,9% sur un an à fin mars, d’après les statistiques officielles publiées le 28 mai dernier.
(Avec AFP)
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