Gaza: les combats font toujours rage tandis qu’Israël rejette l’idée d’un cessez-le-feu

La bande de Gaza était toujours ce matin le théâtre d’intenses combats entre forces israéliennes et combattants palestiniens. Cible de violents bombardements, Khan Younès a vu les chars israëliens pénétrer dans son enceinte peu avant l’aube. Alors que l’Etat hébreu continue de rejeter les appels à un arrêt de son offensive, qui a coûté la vie à plus de 560 Palestiniens, la menace d’une crise humanitaire plus grave se fait de plus en plus grande.

Publié le 6 janvier 2009 Lecture : 4 minutes.

L’inquiétude grandit en effet face au risque d’une aggravation de la crise humanitaire dans ce territoire pauvre et surpeuplé, où l’offensive israélienne a provoqué une grave pénurie de denrées, selon des agences de l’ONU.

"Nos soldats agissent parfaitement, progressent selon les plans", a déclaré le général Gaby Ashakenazi, chef d’état-major israélien, cité par la radio militaire. Des combats ou des bombardements étaient signalés ce matin dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza, après les violents affrontements de hier soir, pour la première fois dans la ville de Gaza.

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Aujourd’hui, peu avant l’aube, les chars israéliens épaulés par des hélicoptères de combat sont entrés dans Khan Younès, la grande ville du sud, pour la première fois depuis le début de l’offensive terrestre samedi soir. Les blindés se sont heurtés dans ce bastion du Hamas aux tirs des combattants palestiniens. Il n’y a toujours pas d’informations concernant les pertes côté israëlien durant cette offensive.

Mais l’armée israélienne a par ailleurs annoncé que trois de ses militaires avaient été tués et 24 autres blessés hier soir dans le nord de la bande de Gaza, évoquant "l’erreur" d’un char israélien qui aurait fait feu sur leur position. Selon le bilan officiel israélien, quatre militaires israéliens ont péri et 79 ont été blessés depuis le début de l’offensive terrestre.

En début de soirée, la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, avait affirmé de son côté avoir tué "10 soldats" et blessé 30. Israël s’est refusé à tout commentaire.

Dans la localité de Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, sept combattants palestiniens -dont quatre du Hamas et deux du Djihad islamique- qui étaient retranchés dans une maison ont péri dans des combats, selon des témoins. Aucun des deux groupes palestiniens n’a confirmé ces décès. Par ailleurs, huit Palestiniens ont été tués par une frappe aérienne et un tir d’obus de char à Jabaliya (nord), selon des témoins et des sources médicales.

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De mêmes sources, deux autres personnes ont été tuées lors d’un raid aérien contre un bâtiment de trois étages appartenant à un membre du Hamas, dans le quartier de Zeitoun, à Gaza.

Plus de 560 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza, selon les services d’urgences palestiniennes, depuis le début de l’offensive israélienne lancée le 27 décembre pour mettre un terme aux tirs de roquettes contre son territoire. Plus de 2.700 autres ont été blessés.

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Choujaïya et Zeitoun, deux quartiers de l’est de la ville de Gaza, ont subi d’intenses bombardements et sont encerclée par les chars. L’aviation a également bombardé le centre-ville de Gaza. L’armée, qui a dit avoir capturé des dizaines de membres du Hamas, a également bombardé à l’artillerie le camp de réfugiés de Boureij, où trois personnes ont été tuées, et la localité de Deir al-Balah, dans le centre du territoire désormais coupé en deux.

La situation humanitaire contine d’empirer pour les 1,5 million d’habitants de Gaza. La plupart sont privés d’électricité, souffrent d’importantes pénuries d’eau courante, de nourriture et de carburants. Selon CICR, les blessés meurent en attendant des ambulances qui ne peuvent les approcher à cause des combats. Le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés a demandé l’ouverture des frontières pour permettre aux Palestiniens le souhaitant de fuir.

Malgré l’offensive, quatre nouvelles roquettes ont été tirées ce matin sur le sud d’Israël, selon l’armée. La branche militaire du Hamas a affirmé que des "milliers" de combattants étaient prêts à combattre dans les rues. Une délégation du Hamas doivent rencontrer des responsables égyptiens pour discuter des moyens d’arrêter la guerre.

En dépit des pressions internationales, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a rejeté hier soir tout cessez-le-feu sans une assurance de l’arrêt total des tirs de roquettes, lors d’une rencontre à Jérusalem avec le président français Nicolas Sarkozy, avant de poursuivre en Syrie et au Liban une tournée régionale, a plaidé pour un "cessez-le-feu humanitaire de plusieurs jours".

"Non seulement le Hamas doit arrêter de tirer (des roquettes) mais il ne doit plus être en mesure de tirer" ces roquettes, a rétorqué M. Olmert, selon un haut responsable israélien. La chef de la diplomatie israélienne Tzipi Livni, quant à elle, a affirmé qu’Israël ne passerait "pas d’accord avec le terrorisme" -référence au Hamas.

M. Sarkozy, qui a rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas en Cisjordanie, a aussi accusé le Hamas d’avoir agi de "façon irresponsable et impardonnable" en décidant de ne pas renouveler la trêve et en reprenant les tirs. Le Hamas l’a accusé en retour de "partialité totale". M. Abbas a appelé à la fin "immédiate et sans condition" de l’offensive avant de se rendre à l’ONU à New York, où le Conseil de sécurité doit se réunir en présence de plusieurs ministres des Affaires étrangères arabes et de celui de la France, Bernard Kouchner. A Washington, le président George W. Bush maintient son soutien à Israël.

Surenchères militaires et interventions sans résultats, le conflit à Gaza risque fort de s’éterniser.

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