Le « pire contrat pétrolier de l’Histoire »
Depuis les dix dernières années Sao Tomé est lié par un contrat pétrolier extrêmement désavantageux, qui déstabilise l’économie déjà fragile de l’archipel.
En ces temps d’épuisement des ressources pétrolières et de hausse de l’or noir, Sao Tomé était censé devenir le nouveau Koweït de l’Afrique Centrale. Malheureusement, le manque d’expérience du gouvernement en la matière alliée à une économie fragile, ont eu raison du rêve de grandeur de l’archipel.
Lourdement endetté et dépendant de l’aide internationale, le pays avait désespérément besoin de l’argent généré par ce contrat pétrolier décrit par les observateurs comme "le plus injuste de l’Histoire".
En 1997, une entreprise de prospection pétrolière texane Environmental Remediation Holding Corporation (ERHC) négocie un plan de forage avec l’archipel. Pour la quasi exclusivité des droits d’exploration et d’exportation pendant 25 ans et la moitié des bénéfices, la société américaine concède 5 millions de dollars au gouvernement, qui n’a d’autre choix que se plier aux exigences d’ERHC. Les données sismiques démontraient que l’archipel africain recélait jusqu’à 11 milliards de barils sous la mer, dans une zone revendiquée par le Nigéria.
Alors qu’en 2001 le président Fradique de Menezes est élu, la société pétrolière américaine est rachetée par Chrome, une entreprise originaire du Nigéria dirigée par un proche du pouvoir en place de ce pays. Malgré deux renégociations, et à cause des pressions du Nigéria, les termes du contrat pétrolier restent inégaux envers l’archipel.
Les meilleurs juristes américains et même une équipe de l’universté de Columbia se sont attelés alors à élaborer une ébauche de législation afin que Sao Tomé puisse conserver une partie des revenus de l’or noir.
Après la mise en vente d’une concession dans la zone développement conjoint Sao Tomé-Nigéria en 2003 acquise par le consortium Chevron- ExxonMobil, une vingtaine de sociétés ont tenté de s’engouffrer dans la brèche, mais sans résultat car les droits exclusifs d’ERHC auraient découragé les plus offrants. Conséquence: l’archipel est passé à côté de plus de 60 millions de dollars de recette.
Après la colère, la déception: des forages effectués en 2006 par Chevron se sont révélés beaucoup moins riches que prévus. Malgré la législation, les habitants doutent que le gouvernement sache gérer les revenus pétroliers de façon adéquate. Selon les observateurs d’International Alert (ONG britannique), "les institutions de Sao Tomé figurent parmi les plus fragiles d’Afrique; la meilleure chose qui puisse arriver au pays c’est qu’il n’y ait pas de pétrole ici."
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