Le coût de la démocratie pèse sur le développement

Publié le 9 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Les dépenses engendrées par le maintien de la démocratie aux Comores se révèlent être une telle charge que le gouvernement envisage aujourd’hui des changements radicaux, fomentant peut-être ainsi les divisions que son système de gouvernance complexe avait justement été conçu pour empêcher.

L’Union des Comores, composée de trois îles, a introduit sa Constitution en 2001 (conséquence directe de l’indépendance des îles de Mohéli et d’Anjouan, proclamée unilatéralement en 1997) pour briser le cycle de coups d’Etat et de tentatives de sécession qui secoue l’archipel depuis son indépendance par rapport à la France, en 1975.

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Le système électoral complexe prévoit un gouvernement semi-autonome et un président pour chacune des îles (Anjouan, la Grande Comore et Mohéli) ainsi qu’une présidence tournante pour le gouvernement de l’Union des Comores. Les îles de l’archipel sont chacune dotées de leur propre assemblée, d’un président et d’un grand nombre d’autres prérogatives, qui absorbent environ 80 pour cent du budget annuel du gouvernement central.

Depuis son indépendance, l’archipel a été le théâtre de plus de 20 coups et tentatives de sécession, dont la plus récente a été réprimée cette année par les soldats de l’Union africaine lorsque Mohamed Bacar, l’homme fort d’Anjouan, s’est réinstallé à la présidence de l’île à l’issue des élections controversées de 2007.

Du fait du système de semi-autonomie en vigueur dans l’Union, cette dernière se trouve également confronté à une situation sans issue : le développement du pays est paralysé par les coûts de gestion de sa démocratie, elle-même introduite pour neutraliser les conflits.

Les Comores ont contracté une dette de 297 millions de dollars, soit 63 pour cent de leur Produit intérieur brut (PIB), et sont passées de la 132e à la 134e place au classement de l’Indice de développement humain établi par le Programme des Nations Unies pour le développement entre 2004 et 2006.

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« Dans un pays pauvre comme le nôtre, qui n’exporte presque rien, nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir autant d’institutions ; c’est tout simplement trop coûteux », a estimé Abdourahim Said Bakar, ministre de l’Information.

« À l’heure actuelle, nous avons une assemblée dans chaque île, un président dans chaque île, et nous dirigeons un seul pays en dépensant pour quatre. Nous devons réduire le nombre de ces institutions », a-t-il dit.

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Après la crise électorale à Anjouan, le gouvernement a proposé de faire passer plusieurs réformes destinées à promouvoir un développement durable, à attirer les investisseurs étrangers, à réduire la pauvreté et à rationaliser le gouvernement.

« Changer la Constitution est une étape très importante vers la stabilisation du pays », a noté M. Bakar, et un comité spécial travaille actuellement à l’élaboration d’un projet de réforme.

Résistance au changement

Il est néanmoins peu probable que la réforme du système démocratique ne se heurte pas à une résistance, dans un pays où le gouvernement est sans conteste le premier employeur et où les emplois sont rares.

Mohamed Ali Said, le président de l’île de Mohéli, a notamment menacé de boycotter les travaux de préparation de la nouvelle proposition de gouvernance, bien que Moussa Toybou, le président d’Anjouan, se soit engagé à coopérer pleinement au processus.

« Ce ne sera pas un processus aisé ; nous organiserons peut-être un referendum si aucun accord n’est conclu avec l’opposition », a déclaré M. Bakar.

Le passé agité de l’archipel, peuplé pour la première fois par des marchands il y a 1 000 ans, avant d’être reconverti en repaire pour les pirates, et finalement annexé par la France en 1904, pèsera lourd dans la balance entre la nécessité de simplifier et réduire les coûts de gouvernance, et le risque de déclencher un nouveau conflit entre les îles.

« La position à laquelle nous adhérons est la suivante : tous les Comoriens devraient s’asseoir à une table et chercher, par le biais du dialogue, à minimiser les conflits et à promouvoir un développement durable », a déclaré à IRIN Opiah Kumah, représentant du Programme des Nations Unies pour le développement aux Comores.

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