Un festival pour oublier
Djibouti, dont une partie du territoire est occupée par l’armée érythréenne depuis le 10 juin, a accueilli du 14 au 19 décembre la 9e édition du Fest’Horn, le plus grand événement culturel de la Corne de l’Afrique. Placée sous les auspices de la paix en Somalie, la manifestation a brièvement permis aux Éthiopiens et aux Somaliens de fraterniser. Une semaine durant, les bavures du corps expéditionnaire de Mélès Zenawi à Mogadiscio ou à Baïdoa tout autant que la barbarie des chabab, ces milices islamistes qui terrorisent la population dans les zones qu’elles contrôlent, ont été mises entre parenthèses. Les armes se sont tues pour faire place aux percussions d’Alex Olympia, un groupe d’Addis-Abeba, et aux mélopées langoureuses des choristes de Horyaal, l’un des rares orchestres à braver les fatwas des Tribunaux islamiques dans la capitale somalienne.
Sans paillettes ni flonflons et en dépit d’un budget dérisoire, le Fest’Horn a réussi à innover. Outre l’apparition d’un festival « off », une série de concerts organisés dans l’après-midi pour les lycéens et les universitaires, il s’est en effet délocalisé. Le temps d’une soirée, les festivaliers se sont retrouvés dans la ville blanche de Tadjourah, le plus vieux comptoir commercial de la région. Une première pour ces populations majoritairement afars vivant de l’élevage et de la pêche.
Bien sûr, les conditions techniques étaient plus que limitées. Un micro HF, par exemple, est ici un luxe inaccessible. Il n’empêche qu’artistes et techniciens ont réussi leur pari : donner d’intenses moments de joie et de communion. La performance de Lang’I (« couleur », en lingala), un groupe de musiciens de Brazzaville entourant le duo Kebène et Oupta, a été particulièrement appréciée. Nous y reviendrons.
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