Privatisations : dix ans de surenchère

Dix finalistes en course pour l’acquisition de 51 % de l’opérateur historique du Mali. Une bataille qui symbolise à bien des égards l’évolution du secteur.

Publié le 17 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Au moins 200 milliards de F CFA, soit 300 millions d’euros (près de 6 % du PIB)… Tel est le montant que l’État malien attend de la vente de 51 % des parts de la Société des télécommunications du Mali (Sotelma). Le cahier des charges, qui propose une licence globale (fixe, mobile et Internet), avec la possibilité d’y adjoindre à terme une licence 3G (Internet à haut débit sans fil), a été définitivement adopté par le gouvernement malien le 12 décembre dernier. Dix finalistes ont été sélectionnés, dont sept opérateurs de renom : Maroc Télécom, le russe MTS (Mobile Telesystem), l’égyptien Orascom Telecom, Portugal Telecom, Sudatel, le britannique Vodafone et Zain (ex-Celtel).

À elle seule, cette liste traduit l’évolution profonde des télécoms africaines. Il y a dix ans, les privatisations d’opérateurs publics n’intéressaient personne, ou presque. En 1997, France Télécom avait pris 51 % du capital de Côte d’Ivoire Télécom pour 210 millions de dollars, puis 33 % de Sonatel, l’opérateur historique sénégalais, pour 90 millions. La même année, Ghana Telecom, Telkom, en Afrique du Sud, et Sotelgui, en Guinée, ouvraient leur capital à Malaysia Telecom pour des montants ne dépassant pas 50 millions de dollars. Le groupe de Malaisie ne s’est ensuite jamais occupé de ses filiales africaines, qui ont fini par couper les ponts. Il n’y a plus eu ensuite de privatisations avant 2000, année marquée par la vente de 35 % du capital de Maroc Télécom pour le montant record de 2,2 milliards de dollars.

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L’opérateur marocain est le symbole d’une autre mutation : la montée en puissance des opérateurs africains, fussent-ils à capitaux européens. Ce n’est pas France Télécom qui s’est installé au Mali en 2002, mais la Sonatel, sa filiale sénégalaise. Elle réalise aujourd’hui 27 % de son chiffre d’affaires au Mali, où elle compte 2,6 millions d’abonnés, soit 80 % du marché. De la même façon, ce n’est pas Vivendi, mais Maroc Télécom qui s’est lancé dans une stratégie d’expansion vers le sud, dès 2001 en s’intéressant à Mauritel, en Mauritanie. Le marocain a ensuite pris le contrôle de l’Onatel, au Burkina, en décembre 2006, puis de Gabon Télécom, en février 2007. Il fait également figure de favori dans la course à la Sotelma.

Face à lui, Celtel, né dans l’indifférence en 1998 en Ouganda, avant d’être racheté en 2005 pour 3,5 milliards de dollars par le koweïtien MTC, qui vient de prendre le nom Zain. Dernier africain en lice à Bamako, le soudanais Sudatel, qui poursuit depuis 2006 une méticuleuse stratégie d’expansion dans la sous-région, poussant ses pions en Mauritanie (Chinguitel) et au Sénégal (Expresso). Il pourrait créer la surprise, comme il l’a fait il y a un an au Sénégal, en misant 200 millions de dollars sur la troisième licence de téléphonie mobile du pays. Finalement, les autorités du Mali ont eu raison de privatiser très tardivement l’opérateur national : il pourrait leur rapporter gros !

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