Prêt d’urgence de 125 millions d’euros de la France au Sénégal
Une émission de bons du trésor et un emprunt obligataire, en juillet, qui avaient seulement permis de lever 75 milliards de F CFA (114 millions d’euros), contre les 100 milliards espérés ; des démarches infructueuses auprès de banques d’affaires américaines pour obtenir des liquidités, selon un financier ; et des fins de mois difficiles… L’affaire devenait compliquée pour Dakar, placé dans l’obligation de corriger des « dérapages budgétaires sérieux », selon le Fonds monétaire international (FMI).
Après avoir été sollicitée, la France a annoncé, le 10 décembre, le versement d’un prêt de 125 millions d’euros (82 milliards de F CFA), soit l’équivalent de l’aide au développement qu’elle avait versée au pays en 2007. Il s’agirait d’un prêt concessionnel, de 1 % à 2 % d’intérêt, opéré par l’Agence française de développement (AFD) et qui doit être validé par le FMI le 19 décembre. L’ampleur du geste est à la mesure de l’urgence de la situation.
Après un audit de la dette intérieure entamé en août dernier, les arriérés auprès du secteur privé ont été officiellement évalués à 174 milliards de F CFA. Plus grave, des dépenses hors budget ont été engagées par des administrations peu regardantes. Montant de la facture, autour de 103 milliards de F CFA. Le tout ramené à un budget de l’État avoisinant les 1 600 milliards de F CFA, cela dénote « des faiblesses dans la gestion des finances publiques », commente un fonctionnaire international.
Les autorités sénégalaises invoquent, elles, « les chocs exogènes » – crise de la vie chère et flambée des prix du pétrole. « Les subventions dans les secteurs alimentaires et énergétiques ont coûté 172 milliards de F CFA entre juin 2007 et août 2008 », détaille un proche du dossier. Au total, les subventions versées depuis 2006 s’élèvent à 234 milliards de F CFA. « Le geste de la France est une bonne nouvelle », conclut-il. Et d’assurer, « le Sénégal a vu sa dette extérieure ramenée de 44 % en 2004 à 20 % du PIB en 2008, il peut donc rembourser ». À condition qu’il ne s’agisse que d’une passe difficile.
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