Bienvenue au temps de l’immigration choisie

Le pays veut contrôler le flux des ressortissants étrangers. Il est l’un des rares sur le continent à opter pour une immigration inspirée du modèle français.

Publié le 17 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Rêves de grandeur
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Tous les passagers débarquant à l’aéroport de Malabo, qu’ils descendent des gros-­porteurs des compagnies internationales ou de petits coucous locaux, doivent montrer patte blanche. Photo numérique, empreinte digitale des deux index, examen minutieux des passeports, fouille tatillonne des bagages… Équato-Guinéen ou ressortissant étranger, nul n’échappe à cette identification rigoureuse. Autrefois coupé du monde, le pays est aujourd’hui un condensé de mondialisation. ­Commerçants ouest-africains, hôteliers camerounais ou gabonais, chauffeurs de taxi nigérians, ingénieurs américains, expatriés européens, latino-américains, maghrébins, asiatiques… Ils seraient des milliers à venir chaque année travailler dans ce nouvel eldorado, grossissant les rangs des 200 000 étrangers déjà présents sur le territoire.

La priorité des autorités est de contenir ces flux en sélectionnant de plus en plus rigoureusement la main-d’œuvre nécessaire à l’essor économique. Une immigration positive directement inspirée du modèle français. En séjour à Malabo en septembre dernier, le ministre français de l’Immigration, Brice Hortefeux, a d’ailleurs vanté sa politique auprès de ses interlocuteurs équato-guinéens, au premier rang desquels le chef de l’État. Un accord de coopération a même été envisagé sur cette question.

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Deux poids, deux mesures ?

La France pourrait ainsi aider Malabo à améliorer ses équipements de contrôle des frontières, à former l’ensemble des personnels douaniers et à renforcer son arsenal juridique sur l’immigration – qui reposerait sur des accords de gestion des flux migratoires avec les pays voisins. La Guinée équatoriale deviendrait l’un des rares pays à inaugurer ce modèle sur le continent, au risque d’être accusée de ne pas jouer « la solidarité africaine ».

« Il ne s’agit pas de fermer notre porte, mais de limiter le nombre d’étrangers, dont certains pénètrent sur notre sol sans autorisation, explique-t-on au ministère de l’Intérieur. Notre pays attire de plus en plus par sa richesse. Nous sommes à quelques encablures d’une ville comme Douala, qui compte 2 millions d’habitants, et d’un pays comme le Nigeria, qui en compte 150 millions. Imaginez ce que l’ouverture totale de nos frontières aurait comme effet pour un petit pays comme le nôtre… »

Alors que les ressortissants américains n’ont pas besoin de visa et que l’application de cette mesure est à l’étude pour les Chinois, c’est bien à l’immigration africaine que s’adresse cette politique. La raison est simple : profitant de la singularité géographique du pays, qui rend le contrôle aux frontières complexe, une bonne partie des ressortissants originaires du continent seraient arrivés clandestinement, sans visa ni permis de travail.

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Or cet afflux provoque la résurgence de réflexes xénophobes au sein de la population. « Les immigrés occupent le marché du travail et l’économie informelle, et les Équato-Guinéens vivent cela comme une menace », explique un observateur. Le braquage de deux banques locales à la fin de 2007, attribué à des Camerounais, n’a rien arrangé.

Pour éviter d’en arriver aux expulsions manu militari, telles que la Guinée équatoriale en a connu dans son histoire, certaines décisions se veulent dissuasives et privilégient les autochtones. En 2007, le gouvernement a interdit aux Ouest-Africains de devenir propriétaires d’épiceries, et, dans tout le pays, les magasins de Maliens ou de Sénégalais ont été fermés ou repris par l’État.

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