Plan d’urgence
Le système éducatif a longtemps été le parent pauvre de l’État. Aujourd’hui, ce dernier met les bouchées doubles pour réorganiser les filières, de base comme spécialisées, et remédier au déficit d’enseignants.
Rêves de grandeur
Former une main-d’œuvre qualifiée et produire de la matière grise est un travail de longue haleine et une priorité. Car le manque de compétences dans tous les secteurs est aujourd’hui la grande faiblesse du pays. Un déficit qui retarde les projets de développement et pousse les opérateurs privés à recourir à de la main-d’œuvre étrangère pour mener à bien leurs chantiers. Sans compter que, mieux formés, les Équato-Guinéens pourront prétendre à des emplois plus qualifiés et à de meilleures rémunérations.
Si une loi de 2004 oblige toutes les entreprises étrangères – à l’exception de celles actives dans le domaine des hydrocarbures, en raison du « haut niveau de compétences techniques requis » – à embaucher 25 % de personnel local, cette règle est, dans la réalité, difficilement applicable. « Nous voudrions respecter cela, explique le directeur d’une société de BTP. Mais, en plus d’être insuffisante, la main-d’œuvre locale n’est pas au niveau. Nous sommes donc obligés d’embaucher des étrangers pour honorer nos contrats. » De fait, l’État a récemment abaissé ce quota de 25 % à 10 %.
Pour enrayer l’inadéquation entre la demande et l’offre sur le marché de l’emploi, le gouvernement a fait de la formation sa priorité, comme l’ont souligné les conclusions de la Conférence économique « Guinée équatoriale horizon 2020 », organisée à Bata en 2007. Cette politique repose sur l’adoption d’un nouveau plan national, plus conforme aux exigences du marché de l’emploi.
Des classes surchargées
Cependant, les progrès sont lents et les moyens font encore défaut. La formation des enseignants reste aléatoire, et les conditions d’enseignement difficiles, même si de nombreux établissements ont été réhabilités. « Les niveaux sont bas et nous manquons de moyens, notamment de laboratoires », explique Esteban Mba. À 22 ans, ce dernier enseigne les mathématiques dans le secondaire tout en poursuivant sa troisième année d’études à la faculté des sciences de Malabo. Une double casquette d’enseignant et d’étudiant qui n’a rien d’exceptionnel ici et permet de suppléer au manque de professeurs. Pour beaucoup de postes, l’État doit faire appel à des professeurs étrangers, en particulier des Cubains dans des matières scientifiques. Et, ceci expliquant cela, les classes sont surchargées. « Il n’est pas rare que nous ayons 90 élèves par classe », déplore Santiago Nguema Ondo Mibuy, le directeur de l’Institut national d’enseignement intermédiaire Rey Malabo (Inem).
En 2007, le pays comptait 81 000 élèves pour 1 700 enseignants dans le primaire, répartis dans 884 écoles. Le nombre d’élèves et d’établissements s’amenuisant à mesure que le niveau de scolarité augmente, ils n’étaient l’an dernier que 34 116 à fréquenter le secondaire, dans 57 établissements. Le pays ne possède par ailleurs que deux établissements d’enseignement secondaire technique, qui ont accueilli 1 253 élèves l’an passé. Parallèlement, les taux de déperdition sont importants : seuls 200 élèves ont obtenu leur baccalauréat sur les 800 qui ont passé l’examen l’an dernier.
Même constat à l’École universitaire d’ingénierie et de technologies (EUIT) de l’Université nationale de Guinée équatoriale, unique université du pays, créée en 1995. L’école d’ingénieurs, qui compte 8 filières, n’accueille que 150 élèves par an, une vingtaine seulement arrivant en troisième année. Et les demandes du marché sont si fortes que les entreprises recrutent les élèves avant qu’ils terminent leur cursus.
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