Création d’un tribunal spécial
La menace a porté ses fruits. Le juge Philip Waki, président de la commission sur les violences postélectorales au Kenya, avait confié à l’ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, une enveloppe cachetée contenant les noms d’une dizaine de personnalités suspectées d’être responsables des affrontements du début de l’année 2008. L’injonction était claire : si le gouvernement kényan refusait de laver son linge sale, alors la Cour pénale internationale se chargerait d’enquêter…
Après de longues tergiversations, la fragile coalition au pouvoir à Nairobi s’est résolue à mettre en place un tribunal spécial opérationnel à partir du 1er mars 2009. Un accord sur les différentes étapes à suivre doit être signé au plus tard le 16 décembre par le président Mwai Kibaki et le Premier ministre Raila Odinga. Le futur tribunal devrait être composé d’une cour de justice et d’une cour d’appel. Le président et le Premier ministre nommeront les principaux magistrats de chacune des deux cours. Leurs noms seront choisis par un « panel d’éminentes personnalités » présidé par Kofi Annan. En clair : pour préserver l’impartialité des jugements, ils ne seront pas kényans.
Les statuts du tribunal spécial doivent être définis au plus tard le 30 janvier 2009. Avant cette date, le Parlement devra modifier la Constitution afin de donner un cadre légal à la nouvelle autorité chargée de juger « les architectes, financiers et exécuteurs des violences postélectorales ayant entraîné la mort de 1 133 Kényans ». Parmi ces responsables, il y aurait six ministres et cinq membres du Parlement… Mais le Kenya semble aujourd’hui convaincu qu’il est temps de tourner le dos à l’impunité.
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