Les « Anciens » peinent à se faire entendre

Les Global Elders prônent le dialogue pour résoudre la crise au Zimbabwe. Sans convaincre Robert Mugabe.

Publié le 16 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Le 8 décembre, ils étaient reçus par Nicolas Sarkozy, mais leurs recommandations sur le Zimbab­we n’ont pas été suivies. Une nouvelle preuve que les Global Elders ont du mal à se faire entendre, même s’ils sont reconnus comme les plus grands sages de la planète. Les Global Elders, ce sont les vieux du « village global », une sorte d’internationale des « Anciens ». À douze, ils ont 874 années d’expérience de la vie en général et de la politique en particulier, soit une moyenne d’âge de 73 ans. Cinq Prix Nobel, trois anciens présidents de la République, des ministres, des figures de la lutte contre la pauvreté ou des défenseurs des droits de l’homme.

Né à la fin de 2007, le groupe a été initié par Nelson Mandela sur les recommandations de deux personnalités atypiques, Richard Branson, PDG de Virgin, et le musicien Peter Gabriel. Aujourd’hui, les Global Elders regroupent quelques-unes des plus éminentes personnalités de la planète.

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Entre le plus âgé, Mandela, 90 ans, et la plus jeune, son épouse, Graça Machel, 63 ans, le Ghanéen Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies, l’ex-président brésilien Fernando Cardoso, le diplomate algérien Lakhdar Brahimi, le banquier des pauvres, le Bangladais Muhammad Yunus, ou l’ancien Premier ministre de Norvège Gro Harlem Brundtland. Leur objectif : régler les conflits par le dialogue, sous l’arbre à palabres, prévenir les crises ou les apaiser. Témoins des turpitudes de leurs cadets, ils parcourent le monde pour dénoncer les atteintes aux droits de l’homme, sauf pour Nelson Mandela, très fatigué, et Aung San Suu Kyi, qui ne peut quitter la Birmanie. Ces personnalités ont l’avantage de pouvoir décrocher leur téléphone et parler à peu près à tous les grands de la planète. Bien qu’ils ne soient plus aux affaires, ils conservent une influence non négligeable et ne sont plus tenus à la réserve liée à leur fonction. L’idée de les réunir pour une diplomatie différente des chemins classiques a pourtant ses limites.

D’abord parce que beaucoup d’entre eux ont appartenu ou collaboré avec les Nations unies, et restent marqués aux yeux de certains du sceau « pro-occidental ». Ensuite, parce qu’ils n’ont aucun moyen de coercition.

Alors que le groupe appelle à la mise en place rapide d’un gouvernement d’union au Zimbabwe et juge inutile d’appeler au départ de Robert Mugabe, le président français faisait, le 8 décembre, après avoir rencontré la délégation, une déclaration demandant au président zimbabwéen de quitter le pouvoir. Quelques jours plus tôt, les Elders s’étaient vu refuser l’entrée au Zimbabwe. Même l’ancienne épouse de Samora Machel, actuelle épouse de Nelson Mandela, égérie de la lutte contre le colonialisme, n’a pu rencontrer son « frère » Robert Mugabe. En avril dernier, c’est Jimmy Carter qui avait essuyé un revers en Israël. Finalement, les Elders ont surtout un rôle d’alerte de l’opinion. Mais ils n’ont pas l’influence que l’on pouvait attendre de vieux sages, en particulier en Afrique.

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