Obama, encore et toujours !

Publié le 11 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Je le sens, nous allons vivre sur une réserve d’optimisme pendant un moment encore. Merci Obama. Vous nous avez fait, le temps d’une grande élection, oublier nos petits soucis, nos mésententes de couple, notre pouvoir d’achat à la baisse, notre compte dans le rouge. Vous avez fait souffler un vent de liesse sur nos foyers, comme sur la planète, cela ne nous était pas arrivé depuis longtemps. Plus exactement, depuis que votre prédécesseur s’est mis dans la tête de guerroyer contre « l’axe du Mal ». Grâce à vous, nous avons vécu un moment magique que nous ne voulons pas effacer si vite de nos mémoires, il sera notre « matelas des vieilles », nous comptons dessus pour les mauvais jours : un petit nuage qui obstrue l’horizon, et hop ! l’amulette Barack(a) !

Dans le phénomène Obama, il y a quelque chose, en effet, qui dépasse la politique. Une sorte de faveur du destin, un moment particulier de l’Histoire, le sourire de l’ange au-dessus de nos têtes, une humanité en qui nous pouvons encore espérer. Ce soulagement a une raison essentielle : un Noir présidera au destin de la plus grande puissance du monde, ce qui veut dire que l’apartheid des esprits est tombé.

la suite après cette publicité

Et cela donne à réfléchir, n’est-ce pas ? Voyez la France ! Allons-y les gars, il faut faire comme l’oncle Sam, ne pas être épinglé comme le dernier de la classe. Soudain, les « minorités » raflent tout, de la politique à la littérature, un préfet par-ci, un lauréat par-là, un comptage de têtes brunes sur le petit écran blanc… Que d’excès de zèle ! Tant et si bien que la preuve est donnée : en France, il y avait peu de mesures positives et concrètes en matière de traitement juste à l’égard des gens du Sud. Le fait de s’y mettre au pied levé s’apparente à un effet d’annonce ridicule.

Respirez donc, gens de la politique ! Prenez de la hauteur, et du temps ! Ne soyez pas imitatifs, élaborez une stratégie authentique et réfléchissez convenablement. Revenez d’abord sur des aberrations du genre « bienfaits de la colonisation », ne laissez pas les Noirs mourir sur des barques de fortune, donnez le Goncourt à un Afghan, d’accord, mais secourez ses compatriotes qui mendient l’exil, le basané qui rase les murs parce qu’il n’a pas de papiers, le Beur Mohamed qui, à peine son nom prononcé, se voit recalé, le musulman dont deux poils sur le menton vous fichent la trouille. Après, vous passerez aux nominations ostensibles. Et vous aurez l’obligeance, j’espère, de reconnaître qu’il y a des associations qui s’échinent depuis des lustres à vous mettre le nez sur le dossier, sans que vous fassiez grand-chose. ­Comme quoi, le levier de la France, ce n’est pas la validité de sa société civile, mais la validation de l’exemple étranger.

Maalech !, comme diraient les Égyptiens. Nous n’allons pas faire la fine bouche. Mais nous tenons à saluer le possible de l’Amérique d’Obama et puiserons volontiers dans la « caisse à vitalité » américaine, qui s’est vidée de ses sous, peut-être, mais s’est remplie d’un stock de valeurs inesti­mables : celles de la justice et de la démocratie.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires