Mina Agossi, la Björk du jazz

Elle ne fait aucune concession, joue « comme elle est », de façon sincère, sensuelle et envoûtante. Rencontre.

Publié le 11 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

La chanteuse franco-béninoise Mina Agossi est une grande dame. À 36 ans, elle impressionne par la maîtrise qu’elle a de sa vie, de sa voix, de son image. Jamais, dit-elle, elle ne laissera arrangeurs ou producteurs rogner une once de sa liberté créatrice. « Je ne suis pas une savonnette, affirme-t-elle. Je ­n’existe pas en bleu ou en jaune. Je veux jouer ce que je suis. »

Actuellement en tournée mondiale1, celle que l’on surnomme la Björk du jazz, en raison d’un style singulier, fait sauter tous les canons traditionnels. Dépouillée, sa musique est chaude, organique. « Être sur une scène a une dimension érotique, orgasmique », aime-t-elle répéter.

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Simple Things ?, son huitième album, sorti au printemps 2008, a été enregistré avec une formation réduite. La basse enveloppante d’Éric Jacot, la batterie aux aguets d’Ichiro Onoe, les percussions aériennes de Manolo Badrena. Exit le piano : « C’est un choix depuis mes débuts. Quand je compose, je n’entends que la basse et la batterie. » Un ­comble pour celle qui a confié sa carrière au pianiste américain Ahmad Jamal, séduit par tant d’audace. Volontairement intimiste, sa musique n’hésite pourtant pas à se frotter au répertoire de Jimi Hendrix, à celui des Pink Floyd, avec un mélange étrange de sonorités des mondes cel­tiques et vaudous.

Car l’Afrique ne perd jamais ses enfants de vue. Bien qu’elle soit née à Besançon, en France, en 1972, c’est sur les bords de la cité lacustre de Ganvié, au Bénin, pays de son père (assassiné au Gabon en 1997), que se perd son inconscient.

De Porto-Novo à Cotonou en passant par Ouidah et la déportation de deux millions d’esclaves, elle est retournée dans son pays, émue, en 2006, pour y retrouver sa tante, ainsi que le montre le reportage que la chaîne Arte lui a consacré2.

Un de ses rêves est de se produire au Bénin, « le seul État où je n’ai pas chanté en Afrique ! ». Chose apparemment plus complexe que de jouer à New York, où elle s’est ­produite, le 3 novembre, sur la scène du Blue Note.

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Mais Edgar Kpatindé, conseiller ­spécial du président Yayi Boni, se démène actuellement pour concrétiser ce ­projet. Puisse ce dernier aboutir, pour le plus grand bonheur des Béninois. S’il vous plaît, Monsieur le Conseiller, encore un effort !

1. Mina Agossi sera en concert notamment les 26 et 27 décembre, au Sunside, à Paris.

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2. Mina Agossi, une voix nomade, de Jean-Henri Meunier, 2007, 52 minutes.

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