Afrique plurielle

Décodage

Comprendre l’art africain d’Emmanuel Pierrat, éd. du Chêne, 312 pages, 39,90 euros.

Si l’avocat et collectionneur d’art africain Emmanuel Pierrat s’adresse avant tout à un public occidental néophyte, l’ouvrage intéressera néanmoins les amateurs. Il explique de manière très simple et didactique ce qui fait la spécificité et la richesse de l’art africain. Et, surtout, Pierrat a choisi d’illustrer son propos par des œuvres issues de sa collection particulière ou appartenant à des proches et qui sont, pour la première fois, reproduites dans un ouvrage d’art.

Dictons

Sagesse africaine de Joseph Andjou, photographie de Christophe Courteau, éd. Michel Lafon, 384 pages, 21,90 euros.

« Le putois ne sent pas l’odeur de ses aisselles. » Adages, maximes, proverbes… la culture orale africaine a donné naissance à une multitude d’expressions. Joseph Andjou les a collationnées pour nous, mêlant sagesse populaire et concepts quasi philosophiques. Ces petites phrases que nous avons tous en tête, illustrées par les photographies de Christophe Courteau, ne sont en effet pas toutes aussi limpides qu’il y paraît.

Eaux Égyptiennes

Les Derniers Bains du Caire, photographies de Pascal Meunier, textes de May Telmissany et Ève Gandossi, éd. Le Bec en l’air, 144 pages, 38 euros.

« Les hammams égyptiens sont les plus beaux de l’Orient, les plus commodes et les mieux disposés », écrivait au XIIe siècle le médecin et philosophe Abd el-Latif el-Baghdadi. Las ! Aujourd’hui, oubliés des campagnes de restauration, ils tombent en décrépitude. Pascal Meunier nous invite à entrer dans ces derniers hammams de la capitale égyptienne. Un travail photographique remarquable accompagné par les textes de la romancière égyptienne May Telmissany, qui revient sur la fonction sociale des bains publics et l’évolution du rapport au corps dans la société égyptienne.

Poésie

Sais-tu où va le soleil ? Traces d’Afrique, dessins de Marion Lesage, textes de Kouam Tawa, Éditions de La Martinière, 144 pages, 29 euros.

Soixante-dix subtils tableaux, métissage d’huile, de gouache, d’aquarelle et de carton, vieux journaux ou papiers recyclés, réalisés par l’ancienne styliste Marion Lesage, et qu’accompagnent les poèmes du Camerounais Kouam Tawa. Une invitation au voyage et au rêve empreinte de tendresse et de sagesse.

Fantasmes

L’Orient rêvé. Photographies du Maroc 1870-1950, d’Éric Milet, éd. Arthaud, 208 pages, 40 euros.

Puisés au fond des archives marocaines et françaises, mais aussi de collections particulières, plus de cent clichés pris entre la fin du XIXe siècle et les années 1950 racontent le rêve orientaliste des Européens. Cultes, rituels, traditions, monde féminin, vie paysanne ou nomade… une centaine de thèmes sont ainsi abordés.

Nostalgie

Le Maroc d’antan de Philippe Lamarque, HC Éditions, 144 pages, 28,50 euros.

Après l’Algérie, en 2006, et la Tunisie, en 2007, Philippe Lamarque s’est intéressé au Maroc d’antan. Et invite curieux et nostalgiques à se plonger dans les ambiances du début du XXe siècle, à travers 500 cartes postales qui constituent autant de témoignages de la vie marocaine et du protectorat français. Un regret toutefois, les cartes ne sont pas toujours datées.

Collections

Masques. Chefs-d’œuvre des collections du musée du Quai Branly, Musée du Quai Branly, 144 pages, 8 euros

Cent masques d’Asie, d’Amérique, d’Afrique et d’Océanie, petits aperçus des richesses des arts premiers.

Carnets intimes

Peter Beard, coffret deux volumes, éd. Taschen, 784 pages, 75 euros.

C’est la réédition à ne pas manquer. La dernière fois que Taschen a publié cette magnifique anthologie des journaux intimes et des collages de l’Américain Peter Beard, en 2006, elle a été épuisée quasi instantanément. Après un premier voyage en Afrique australe, en 1955, et fasciné par la lecture d’Out of Africa, Peter Beard partit à la rencontre de Karen Blixen au Kenya. Il en revint avec la matière de son premier livre, The End of the Game, autour de la mort des bêtes sauvages. Sa passion pour l’Afrique durera des années, il finira même par acheter une ferme, tout près de celle de son amie Karen Blixen.

Depuis ses dix ans, Peter Beard remplissait des carnets intimes, ses photos y trouvèrent naturellement leur place, puis des dessins. Mises en scène, ces pages si personnelles que l’on retrouve dans ce livre racontent une vie devenue œuvre d’art. Le second volume est une biographie illustrée, sous forme d’interview, de cet artiste qui fut l’ami des plus grands, de Warhol à Dali en passant par Francis Bacon, Mick Jagger ou Brigitte Bardot.

Croquis

Algérie, « Soyez les bienvenus ! », de Claire et Reno Marca, éd. Aubanel, 212 pages, 39 euros.

L’Algérie, trop souvent négligée par les maisons d’édition, est à l’honneur avec un somptueux ouvrage publié par Aubanel. Les auteurs, Claire et Reno Marca, après quatre mois d’un périple d’Alger à Tamanrasset, au cœur du Sahara, en passant par l’Ouest oranais, les ksour du Grand Erg occidental, les cités du M’Zab, l’Aurès, les montagnes de Kabylie, le Constantinois, ont ramené un carnet de route associant photos et dessins.

Leur récit, vif et chaleureux, est nourri d’innombrables rencontres avec les habitants des localités traversées. Parallèlement, de Sidi Bel-Abbès, où elle habite,  l’écrivaine Maïssa Bey évoque « son » Algérie.

Aux quelque 600 photographies, croquis et pastels du livre lui-même s’ajoutent des encarts – sur la Casbah d’Alger, les dunes du Grand Sud… –  jetés entre les pages. Du plus bel effet…

Démasquées

Femmes hors du voile, d’Isabelle Eshraghi, textes de Laure Adler, éd. du Chêne, 240 pages, 39,90 euros.

Depuis dix ans qu’elle parcourt le monde arabo-musulman, la photographe Isabelle Eshraghi s’est intéressée au quotidien des femmes, à leur labeur, leurs craintes et leurs espoirs. Franco-iranienne, elle a pu  entrer dans l’intimité de ces femmes et en rapporte des clichés émouvants.