L’impasse

La mission française dépêchée par l’Élysée à Nouakchott est rentrée bredouille, la junte au pouvoir et le président déchu campant sur leurs positions.

Publié le 11 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Pour la première fois depuis le coup d’État du général Ould Abdelaziz, deux émissaires français se sont officiellement rendus en Mauritanie. Le 29 novembre, en fin de matinée, Romain Serman, conseiller à la cellule Afrique de l’Élysée, et Philippe Étienne, directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, ont débarqué à Nouakchott. Leur première visite, les diplomates l’ont réservée au président renversé Sidi Ould Cheikh Abdallahi, dont la France réclame la libération. Ils ont donc fait le trajet jusqu’à son village natal, Lemden à 200 km au sud-est de la capitale –, où, toujours en résidence surveillée, il a été transféré le 13 novembre. Une heure d’entretien plus tard, retour à Nouakchott et rencontre avec l’autre protagoniste de la crise, le général Ould Abdelaziz. Puis avec Ahmed Ould Daddah, président du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) et chef de file de l’opposition sous « Sidi ». Le crochet prévu chez l’ex-chef de l’État Ely Ould Mohamed Vall, où un dîner attendait Romain Serman et Philippe Étienne, a finalement été annulé faute de temps.

L’objectif de cette mission au pas de charge – dont l’Élysée refusait jusqu’alors le principe, craignant de donner l’impression de cautionner la junte – était de ménager les chances de réussite d’une mission internationale, comprenant notamment l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA), qui devait se rendre en Mauritanie le 6 décembre. S’il avait abouti à un compromis, le déplacement des deux Français aurait également été l’occasion pour Paris, qui va quitter la présidence de l’UE fin décembre, de mettre l’apaisement à son actif. Mais aucun terrain d’entente n’a été trouvé. D’un côté, Sidi Ould Cheikh Abdallahi rejette tout compromis tant qu’il n’aura pas été rétabli dans ses fonctions et que le Haut Conseil d’État – la junte conduite par Ould Abdelaziz – n’aura pas été dissous. De l’autre, le général refuse d’abandonner le pouvoir et ne se prononce pas sur son éventuelle candidature à une élection présidentielle, s’en tenant toujours à la même proposition.

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Des « États généraux de la démocratie » vont être organisés – à une date encore indéterminée – au cours desquels les sujets cruciaux seront tranchés pour sortir de la crise : période de transition, tenue d’un scrutin, possibilité pour les militaires de s’y présenter… Encore faut-il que le principal parti du pays, le RFD, participe à ce forum national pour lui donner quelque crédibilité. Or il est aujourd’hui divisé sur la question : les uns craignent d’être instrumentalisés par les militaires ; les autres voient dans les « États généraux » une occasion de jouer un rôle de premier plan.

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