Courage, fuyons !

Addis-Abeba annonce le retrait de ses troupes déployées en Somalie d’ici à la fin de l’année. Bilan d’une opération vouée à l’échec.

Publié le 11 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Par lettre adressée le 28 novembre à Ban Ki-Moon, secrétaire général des Nations unies, et à Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine (UA), le gouvernement éthiopien a annoncé le retrait de ses troupes de Somalie avant la fin de l’année. Mélès Zenawi, le Premier ministre éthiopien, avait dépêché, en décembre 2006, un contingent de près de 30 000 hommes équipés de centaines de blindés, soutenus par des dizaines d’hélicoptères de combat et d’avions d’observation. Un déploiement de force destiné à soutenir le président Abdallah Youssouf Ahmed et son gouvernement fédéral de transition (TFG), mis à mal par la montée en puissance des fondamentalistes regroupés au sein des Tribunaux islamiques. L’intervention militaire éthiopienne a réussi à venir à bout des milices islamistes à Mogadiscio et à Baidoa, mais la résistance s’est très vite organisée, et les miliciens ont grossi les rangs des combattants islamistes.

Perçus par la population comme une force d’occupation, les soldats éthiopiens n’étaient pas préparés à faire face à un ennemi invisible, utilisant des techniques expérimentées en Afghanistan et en Irak contre les convois militaires, et une guérilla urbaine épuisante. Au fil des mois, la présence du contingent éthiopien s’est transformée en cauchemar. Ennemies héréditaires des Somaliens, considérées comme des croisés en terre d’Islam, les forces éthiopiennes ont multiplié les bavures lors de leur contre-offensive dans les quartiers populaires de Mogadiscio, favorables à la résistance. Les pertes se sont accumulées (on évoque la mort de plusieurs centaines de soldats éthiopiens) tant sur le plan humain que sur le plan financier. Le coût de l’aventure somalienne est estimé à près de 300 millions de dollars.

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Outre les succès militaires des miliciens islamistes, qui contrôlent les deux tiers de la Somalie, les atermoiements du TFG, l’étiolement de l’autorité et la dégradation de l’état de santé du président Abdallah Youssouf Ahmed n’étaient pas de nature à encourager la poursuite de l’aventure somalienne. Autre motivation de la décision de retrait : le gouvernement d’Addis-Abeba a eu l’impression d’être quelque peu abandonné par la communauté internationale, qui n’a pas suffisamment soutenu l’effort de consolidation des institutions somaliennes. Sur le front intérieur, Mélès Zenawi a dû faire face à une vague d’hostilité au sein de l’opinion envers la présence de l’armée éthiopienne en Somalie.

Le retrait éthiopien de Somalie tombe au moment où la Somalie est au cœur de l’actualité. Non par pour les 10 000 morts enregistrés depuis l’intervention des soldats de Mélès Zenawi à Mogadiscio, ni pour les 700 000 déplacés de la capitale somalienne, ni même pour le million de réfugiés au Kenya et à Djibouti ou pour les 3 millions de Somaliens menacés de famine. Si la Somalie est de nouveau à la une des médias, elle le doit à ses pirates, de plus en plus audacieux et soudain devenus un motif d’inquiétude pour la communauté internationale.

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