Daewoo et la « terre des ancêtres »
Le 20 novembre, le groupe sud-coréen Daewoo annonçait avoir décroché le contrat du siècle à Madagascar. Mais la concession de 1,3 million d’ha sur laquelle il envisage de cultiver (notamment) du maïs est loin de lui être acquise. Cinq jours plus tard, Marius Ratolojanahary, le ministre malgache de la Réforme foncière, des Domaines et de l’Aménagement du territoire, a en effet quelque peu douché l’enthousiasme des dirigeants coréens : « On en est au stade de la prospection », a-t-il fait savoir, sans s’étendre sur le contenu du deal. Un deal dont certains de ses proches collaborateurs ont appris l’existence par la presse…
Depuis, le gouvernement est revenu discrètement sur le sujet en indiquant qu’il attendait les conclusions des études préalables pour se prononcer sur le dossier. Cette soudaine prudence n’est pas surprenante. Les visées de la filiale de Daewoo sur le domaine foncier agricole sont d’une ampleur de nature à choquer l’opinion. Surtout à Madagascar, où la « terre des ancêtres » reste une valeur sacrée.
Pour l’avoir négligé, Radama II perdit la vie. En 1863, le jeune roi signa une charte accordant à l’aventurier français Joseph Lambert un droit d’exploitation exclusif de toute la partie nord de la Grande Île. Accusé par son gouvernement de brader le pays aux puissances financières occidentales, il fut étranglé avec une cordelette de soie, ainsi qu’il convenait aux personnes de son rang.
Cent quarante ans plus tard, le président Marc Ravalomanana a lui aussi tenté de réformer la législation sur l’accession à la propriété pour les investisseurs étrangers. Adopté à contrecœur par le Parlement en septembre 2003, ce texte reste très peu appliqué.
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