Pourquoi Obama doit démissionner

Publié le 8 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

« Le meilleur moment de l’amour, c’est quand on monte l’escalier », disait Clemenceau. Dira-t-on un jour que le meilleur moment d’Obama fut sa campagne électorale, couronnée par une superbe victoire, sa montée d’escalier en somme ? En tout cas, le jeune « president-elect » ferait mieux de remercier tout le monde puis de présenter dans la foulée sa démission, prendre sa retraite et faire autre chose : lire, voyager, s’occuper de sa petite famille…

Obama, qui aime le basket, sait très bien qu’il y a un moment magique dans la carrière d’un sportif : quand il est au top, admiré, adulé par tout le monde. Et c’est à ce moment-là qu’il faut partir. Il faut éviter le combat de trop. Joe Louis, qui fut le premier héros noir de l’Amérique blanche, se fit pathétiquement casser la gu… en 1951 par Rocky Marciano. Il aurait dû raccrocher ses gants avant. En art, c’est la même chose. Chirico fut génial quelques années puis il se répéta pendant des décennies : s’il avait cassé ses pinceaux et était parti à temps, sa gloire aurait été bien plus grande. Mozart eut raison de tirer sa révérence à 35 ans, au moment même où il composait un Requiem d’inspiration divine. Sinon, il aurait fini par écrire des chansonnettes pour le Johnny local et serait devenu la risée de tous.

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Qu’est-ce qu’Obama a à gagner en devenant président, le 20 janvier prochain ? La crise, la plus profonde depuis les années 1930, il ne pourrait la résoudre qu’en mécontentant tout le monde. Les Américains vivent depuis deux générations à crédit et c’est le reste du monde qui finance leur croissance. Quel président pourrait leur dire qu’il leur faudra s’appauvrir, tôt ou tard ? Et comment les obliger à le faire ?

Le dossier du Proche-Orient ? Comme l’a dit crûment Shimon Pérès il y a quelques années, « dans cette affaire, nous négocions avec nous-mêmes ». Toutes les évolutions du dossier palestinien résultent des rapports de force entre partis israéliens et de rien d’autre. Le ralliement de la droite israélienne à la solution des deux États est la conséquence de la démographie exubérante des Palestiniens et n’a rien à voir avec les injonctions des « idiots utiles » européens ou de l’ami américain.

Les changements climatiques ? Là encore, il n’y a que des coups à prendre. Il faudrait obliger les Américains à changer de fond en comble leur mode de vie : laisser la voiture au garage, quitter les banlieues trop éloignées des lieux de travail, consommer moins. Vaste programme. Impossible programme.

Obama est maintenant sur le palier, après une montée exaltante, enivrante, après cent marches d’escalier prises quatre à quatre. L’Amérique l’attend, de l’autre côté de la porte, conquise, en pleine pâmoison. Ne sonne pas, Barack, ne pousse pas cette porte, n’entre pas ! Redescend, sors de l’immeuble et fonds-toi dans l’anonymat de la rue. L’exploit est déjà réalisé. La suite ne peut que décevoir.

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