Sandra Nkaké, ça décoiffe !

Après dix années passées à écumer la scène soul parisienne, la Franco-Camerounaise sort enfin Mansaadi. Un premier album explosif pour une chanteuse totalement décomplexée.

Publié le 8 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Question coiffure, la nouvelle coupe de la comète Sandra Nkaké arrive tout droit des années 1980. Une choucroute improbable, à mi-chemin entre le look de Grace Jones et celui d’un punk zazou égaré sur le plateau d’une sitcom brésilienne. L’étoile montante de la scène soul française surprend. Et c’est bien ce qui la réjouit. Se moquer des modes et des humeurs ambiantes avec un redoutable naturel et une joie de vivre explosive. « Stay true. Only believe in you, you, youuuuuu. »

Question chant justement, laissez-la prononcer deux mots et vous êtes fixé. Sa voix d’un rauque étincelant vous emporte dans un tourbillon. Elle ne chante pas le blues ou le R’n’B, elle les vit intensément. Est-ce parce qu’elle a refusé un jour l’ablation de kystes sur les cordes vocales que vous voilà scotché à votre banquette dès qu’elle force un peu la voix ? « Life is a gift, enjoy it ! » Sans hésitation.

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Mansaadi (littéralement « petite mère », en langue abo, de l’ouest du Cameroun), est son premier album. Mais cette Franco-Camerounaise est loin d’être une ­novice dans le métier. Comptez douze ans d’expérience à arpenter les clubs et les festivals. Non contente d’être habitée par tous les ­styles afro-américains, cette prêcheuse de gospel aux accents hip-hop, véritable bête de scène, est aussi actrice.

Elle s’est notamment produite aux côtés de Romane Bohringer dans la comédie musicale Fantômas revient et a adapté au théâtre Un aller pas si simple, un conte musical coécrit avec Praline Gay-Para, qui aborde le thème de l’esclavage. Une expérience qui a façonné sa personnalité, aujourd’hui totalement décomplexée.

Pourtant rien n’était joué. La vie de cette enfant bègue née à Yaoundé, en 1973, balance jusqu’à ses 12 ans entre la France et le Cameroun, avant que sa mère ne s’installe dans l’Hexagone. Sandra souhaite être journaliste et s’inscrit en anglais à la Sorbonne. « Je voulais être sur un chemin qui me mette en communication avec les autres. » Mais, raide dingue de Prince, elle passe une audition en 1996 pour chanter dans un groupe afrogroove, THT. Bien qu’autodidacte, elle est retenue.

Viennent les tournées et les rencontres, notamment avec le producteur-arrangeur Juan Rozoff, pape parisien du funk, à qui elle offre des arrangements de chœur. Les années 1990 s’écoulent et les collaborations s’enchaînent. Prestigieuses. Tony Allen, Julien Lourau, ou encore Cheick Tidiane Seck.

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Sur cet album-hommage à sa mère décédée en 2006 ? Quatorze chansons interprétées en anglais et en français, imprégnées des choses de la vie, une osmose évidente avec les musiciens qui l’accompagnent depuis plusieurs années, dont le guitariste Didier Combrouze et le bassiste au feeling redoutable Guillaume Farley, des chœurs d’une sensualité à fleur de peau, des arrangements clairs et nets. Question soul, la France n’a plus à rougir. Elle a désormais Sandra Nkaké.

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