Offensive éclair d’Attijari en Afrique

En prenant le contrôle des filiales du Crédit agricole, le numéro un marocain entre en force dans la zone franc : Congo, Côte d’Ivoire, Cameroun…

Publié le 8 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

La rumeur enflait depuis quelques semaines (voir J.A. n° 2496). Elle a été confirmée le 25 novembre par Mohamed El Kettani, PDG d’Attijariwafa Bank. Son groupe bancaire rachète les filiales du Crédit agricole en Afrique subsaharienne francophone. En échange, le français monte en puissance dans le Crédit du Maroc (CDM), dont il détiendra 77 %. Il renforce également la présence au Maroc de sa filiale de crédit Sofinco, montant à 49 % dans Wafasalaf, qui devient une sorte de coentreprise entre les deux partenaires. Bilan : le marocain débourse 250 millions d’euros, mais il encaisse 215 millions du français, dont 144 millions pour 24 % du CDM, rachetés à Wafa Assurance, le reste correspondant aux 15 % supplémentaires de Wafasalaf.

Une bonne affaire. En Afrique subsaharienne francophone, c’est un coup de tonnerre. « Absolument aucun commentaire », se bornent à répondre les futurs concurrents. Engagé depuis deux ans dans une stratégie d’expansion qui l’a vu s’installer au Sénégal puis au Mali, le numéro un marocain franchit un grand pas. En un jour, il s’implante dans quatre pays de la zone franc, et pas des moindres : Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire et Gabon. Ses nouvelles filiales occupent en outre de bonnes positions sur leurs marchés : numéro un au Congo, trois au Cameroun et au Gabon, six en Côte d’Ivoire, selon ses dires. À quoi s’ajoute une place prépondérante au Sénégal, où le groupe a fait en 2007 l’acquisition de la Banque sénégalo-tunisienne, puis de la CBAO, et maintenant celle du Crédit du Sénégal. « Notre part du marché sénégalais avoisine les 29 %. Elle va monter à 33 %. On est loin d’un abus de position dominante », commente Kettani. L’Afrique subsaharienne représenterait 26 % de son PNB 2007, alors que ses opérations au Mali, au Sénégal et en Tunisie ont représenté 17 % du PNB sur l’exercice.

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QUE va faire BMCE Bank ?

L’affaire conclue, ses filiales au sud du Sahara représenteront un total de bilan de 1,425 milliard d’euros, des actifs que les observateurs ne manquent pas de rapprocher de ceux de BOA Group (2 milliards d’euros en 2007), dont BMCE Bank, autre grand marocain, détient actuellement 42,5 % du capital. Pas de commentaire de ce côté-là non plus. Premier à se déployer largement en Afrique subsaharienne, prenant 35 % du capital de BOA dès avril 2007 (il est monté à 42,5 % début novembre), le groupe d’Othman Benjelloun devra peut-être s’y renforcer plus rapidement qu’il le prévoyait. Certes, il est présent dans douze pays via BOA, jusqu’au Kenya et en Tanzanie. Mais pas dans l’Afrique centrale, riche en pétrole, où son concurrent a désormais une longueur d’avance. Et va appliquer la stratégie offensive de conquête de clientèle qui lui permet d’afficher un PNB en hausse de 43 % en 2007 (36 % pour BMCE Bank). À une différence : « Nous allons “alléger” notre nom générique, lui donner une connotation plus internationale », conclut Mohamed El Kettani. Ses filiales en Tunisie et au Sénégal sont déjà « allégées », qui répondent au nom d’Attijari Bank. 

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