Un grand Inga… Et l’Afrique s’éclairera
Le pays vit presque dans le noir. Pourtant, la puissance du fleuve Congo pourrait fournir assez d’énergie pour soulager une bonne partie du continent.
Le Bas-Congo, province pionnière
C’est à Inga – contraction d’Ingeta, qui signifie « oui » en kikongo – que le débit du fleuve Congo, après avoir dévalé les rapides, est le plus puissant : entre 30 000 et 60 000 m3/seconde. Un potentiel de 44 000 MW d’électricité, soit deux fois et demie la capacité du barrage des Trois-Gorges, en Chine. Et de quoi alimenter l’ensemble du pays et exporter vers l’Afrique australe, l’Afrique de l’Ouest, et même du Nord… Reste à réunir les financements nécessaires à la réalisation de nouveaux complexes hydroélectriques et, pour commencer, à remettre en état les turbines des deux centrales existantes.
En effet, l’immense concession d’Inga compte déjà deux barrages et leurs centrales, construites en 1972 (Inga I) et en 1982 (Inga II), dont la gestion est assurée par la Société nationale d’électricité (Snel). Elles alimentent une partie des districts du Bas-Fleuve et des Cataractes, les villes de Matadi et Boma, ainsi que Kinshasa, une partie des provinces du Bandundu et du Katanga. Le reste de la production est exporté vers le Congo-Brazzaville, le Zimbabwe, l’Angola, la Zambie et l’Afrique du Sud.
Seulement voilà : alors que la capacité installée d’Inga dépasse les 1 750 MW, la puissance exploitée actuelle excède difficilement les 700 MW. Et pour cause, la moitié des quatorze turbines que compte le site sont à l’arrêt ou tournent au ralenti. Entraînant de récurrents délestages et la limitation de l’exportation d’électricité. Dans le cadre du Projet de développement du marché d’électricité pour la consommation domestique et à l’exportation (PMEDE), les centrales d’Inga vont être remises à niveau. Cofinancé par la Banque mondiale (297 millions de dollars), la Banque européenne d’investissement (110 millions) et la Banque africaine de développement (BAD, 55 millions), le PMEDE prévoit aussi la construction d’une deuxième ligne très haute tension (THT) entre Inga et Kinshasa, la réhabilitation et l’extension du réseau est de la capitale, et des travaux d’urgence.
En attendant que ce projet soit engagé, MagEnergy devait financer la réhabilitation de quatre turbines d’Inga II en échange de l’exploitation de 165 MW sur quinze ans. Mais à la suite d’un différend avec la Snel, les travaux d’urgence sont suspendus jusqu’à nouvel ordre.
Parce que la réhabilitation d’Inga ne suffira pas à satisfaire la demande, les projets de construction de deux nouveaux barrages et centrales hydroélectriques sont réactivés. Le plus avancé est celui d’Inga III (4 320 MW), dont l’étude de faisabilité est en cours. Financée par le géant minier BHP Billiton (10 millions de dollars), futur client, la BAD (9,5 millions de dollars) et la Banque mondiale (don de 730 000 euros), elle devrait s’achever en 2009. L’étude de faisabilité financière, assurée par BNP Paribas, permettra de déterminer le coût exact de réalisation de la centrale (estimé à 3,6 milliards de dollars), le prix de revient du kilowattheure et l’organisation du consortium qui gérera l’infrastructure.
Même si le potentiel est là, le second projet, baptisé Grand Inga, est encore chimérique, avec sa capacité de 39 000 MW et son coût estimé à 50 milliards de dollars. Véritable projet intégrateur pour le continent, il prévoit de desservir l’Afrique australe, l’Afrique de l’Ouest et l’Égypte.
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